Silvius Leopold Weiss (1686-1750)
Œuvres diverses pour clavecin

Johann Adam REINCKEN/Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Sonate en la mineur BWV 965

Francesco Geminiani (1687-1762)
"Pièces de Clavecin"

Olga Martynova, clavecin

Ce cd enregistré à Moscou en 2004 et intitulé 'The Great Transcriptions' est original à plus d'un titre. Par son programme qui nous offre un bon résumé de ce que peut recouvrir le terme 'transcription' : d'abord une suite pour luth en ré mineur de Silvius Leopold Weiss qu'il ne fut guère besoin de modifier pour le clavecin: l'oeuvre y gagne en force et en brillant ce qu'elle perd en nuances subtiles; suit la sonate en la mineur BWV 965 du jeune J.S. Bach composée d'après une sonate en trio de J.A. Reincken mais peut-on encore parler de transcription face à une (re)création qui en fait quasiment une oeuvre originale? Et le récital se termine par quatre pièces transcrites d'autant de sonates pour violon et basse continue op. 4 de Francesco Geminiani par le compositeur lui-même avec nombre de changements dans les mouvements lents et une grande précision dans les détails, y compris l'ornementation. Original aussi par l'interprétation d'Olga Martynova sur un très beau clavecin William Dowd inspiré d'un modèle français: sonorités luthées dans Weiss (l'interprète n'avait pas suivi en vain des masterclasses d'Hopkinson Smith), puissance contrapuntique et introspection dans Bach, imagination et fantaisie dans Geminiani. Splendide prise de son. (Michel Lorentz-Alibert)

Olga Martynova, une des clavecinistes russes les plus distingués de nos jours, renoue avec une vieille pratique de l’époque baroque : la transcription. Pour ce faire, elle a choisi trois œuvres de Weiss, Reincken et Geminiani écrites à l’origine pour d’autres instruments et transcrites par la suite pour le clavecin par les compositeurs eux-mêmes ou bien par Bach. / Il faut noter que Bach, à la différence de ses confrères, allait bien au-delà de la simple transcription et s’appropriait le texte original en le développant à sa manière, ainsi qu’il l’a fait avec la Sonate en trio de Reincken dont il devint pratiquement co-auteur ! / Une prise de son vraiment exceptionnelle met pleinement en valeur l’interprétation raffinée de Martynova et fait de cet enregistrement un pur plaisir pour tout mélomane à l’affût de raretés baroques. / En parlant de musique, le baroque signifie bien plus que l’époque de la basse continue et du stile concertato. Aujourd’hui, plus que jamais, on s’aperçoit que le baroque était aussi l’époque des transcriptions et des arrangements, une caractéristique qui individualise cette période de l’histoire tout autant que les innovations d’ordre purement musical. Absolument tous les compositeurs de l’époque transcrivaient les œuvres les plus populaires pour d’autres instruments, suivant les demandes et les occasions. Les interprètes les plus doués faisaient de même en transcrivant les œuvres qu’ils avaient envie de jouer pour leur propre instrument. Le clavecin était pourtant l’instrument le plus employé, notamment quand il s’agissait de transcrire des œuvres écrites à l’origine pour un ensemble instrumental. Toute personne respectable détenait à l’époque un clavecin (ou un clavicorde) et souvent, les œuvres étaient même publiées dès le départ en deux versions, pour ensemble et pour clavecin. Notre enregistrement se propose de donner un aperçu de cette pratique de l’époque à travers 3 transcriptions réalisées pour le clavecin d’œuvres écrites à l’origine pour violon, luth ou ensemble instrumental.