Richard Wagner (1813-1883)
Les Maîtres chanteurs de Nuremberg (Die Meistersinger von Nürnberg), opéra en 3 actes

Paul Schöffler, baryton-basse (Hans Sachs)
Gottlob Frick, basse (Veit Pogner)
Eberhard Waechter, baryton (Konrad Nachtigall)
Erich Kunz, baryton (Sixtus Beckmesser)
Hans Braun, baryton (Fritz Kothner)
Hans Beirer, ténor (Walther von Stolzing)
Murray Dickie, ténor (David)
Irmgard Seefried, soprano (Eva)
Rosette Anday, mezzo-soprano (Magdalena)
Chir und Orchester der Wiener Staatsoper
Fritz Reiner, direction

Dès l’ouverture, Fritz Reiner affirme haut et fort qu’il secouera ici la tradition : plus de cette pompe joyeuse qu’Hans Knappertsbuch imposait à l’œuvre, pas plus la légèreté, le ton de comédie savoureuses que Clemens Krauss et Karl Böhm y avaient osé dès l’entre-deux guerres, se souvenant du cyclone Toscanini à Salzbourg. Non, mais un récit dont les épisodes seront savamment exposés, et jusqu’à l’entrée du chœur à l’église, imposé dans des pianissimos où les solistes prendront leur temps. Le public fut surpris par la direction tour à tour philosophique ou ironique que Fritz Reiner mettait à ses Meistersinger, car ce furent les siens avant tout, et reconnus tels par une critique partagée. Les choix musicaux surprendront, ceux de Reiner d’abord, qui aiguise l’orchestre, donnant aux dialogues des reliefs incessants, optant pour des tempos contrastés qui déconcertent parfois les chanteurs, et demande au Sachs de Paul Schöffler de se surpasser : le tempo étale du Quintette risquera de le trouver à peine en manque de souffle, quel art, quelle technique de chant. Et comment, inspiré par la direction millimétrée de Reiner, il répond à l’Eva radieuse d’Irmgard Seefried dans le grand dialogue de l’acte II ! Ces deux là sont au sommet de leur art, comme le Beckmesser extraordinaire d’Erich Kunz où le David vif argent de Murray Dickie (ah, la deuxième Scène de l’Acte 1 !). Les maitres sont subtilement incarnés (le concours !) achevant de faire la fête aussi brillante que singulière avec un seul bémol : Hans Beirer, en méforme, ne sera pas le plus exaltant des Walther, mais peu importe, la « leçon » de Fritz Reiner doit être entendue. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)