Ce ne sera pas faire injure à Jan Bartos de laisser de côté le pensum néo-romantique du Concerto pour piano que Viteszlav Novak commit en sachant que rien dans son art ne pouvait se plier aux arcanes du genre, même si l’on doit le remercier de nous en délivrer ce qui, je crois bien, en est la première gravure mondiale. Retrouvez le plutôt dans le magique cycle "Au crépuscule" où il surclasse à force de poésie la gravure récente, pourtant excellente, de Martin Vojtisek chez le même éditeur. Ecoutez le babiller les deux Sérénades. Pourtant ce ne sera pas lui le héros de ce disque au fond précieux, mais bien Jakub Hrusa, qui magnifie le sombre poème symphonique "Toman et la Nymphe des bois", œuvre sœur par son orchestre savant et touffu (Novak écrivait qu’il voulait y faire entendre une orgie sonore), aux éclats stupéfiants de la "Seejungfrau" de Zemlinsky. Ni Libor Pesek (Chandos) ni Frantisek jilek (Supraphon) n’avaient fait paraitre à ce degré de vraisemblance la proximité de l’art de Viteszlav Novak avec une part du courant qui allait fonder la Seconde Ecole de Vienne, plaçant soudain son conte sinistre dans l’orbite du "Pelleas und Melisande" de Schoenberg. Remarquable. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffel") Encore élève de Dvorak, Vítezslav Novák compose en 1895 un concerto pour piano qui, à défaut d’une originalité marquée, s’inscrit dans la lignée de Liszt et Dvorak. Peu satisfait, le compositeur ne le joua jamais, le jugeant justement trop disparate et trop dépendant de ses modèles. On ne peut que se réjouir de l’entendre enfin en CD, car, malgré ses imperfections, l’œuvre ne manque pas de panache. A peine ultérieur, le petit cycle de quatre pièces « au crépuscule » appartient à ce courant de miniatures pianistiques tchèques dans lesquelles Janacek s’épanouira plus tard. Enfin le vaste poème symphonique Toman et la nymphe des bois (1907) s’inscrit avec brio dans la descendance de Richard Strauss dont la Salomé avait fait forte impression sur Novák et des grands poèmes de Dvorak inspirés par la « guirlande » d’Erben. Jakub Hrusa s’est fait désormais le défenseur du post-romantisme tchèque du groupe des élèves de Dvorak, prenant le relais des grands chefs disparus, de Talich à Behlolavek. Il lui manque peut-être encore un grain de folie pour rendre toute la magie de l’orgie sonore que Novák voulait susciter pour raconter l’histoire de Toman et de la nymphe maléfique mais il signe néanmoins là un CD superbe et original. (Richard Wander) The greatest Czech composers – Dvorák, Smetana, Janácek, Suk, Martinu ... And anyone else? Yes, Vítezslav Novák! Who was he? A pupil of Dvorák’s, later on one of the most distinguished music creators and teachers on the domestic scene. A Post-Romantic and the first of the generation of Modernists profoundly inspired by Moravian folk music. This year’s 150th anniversary of Novák’s birth affords the opportunity to take a closer look at his oeuvre – and to rediscover that which has been overlooked. The idea of making the first studio recording of the Piano Concerto, a remarkable early work by the 25-year-old Novák, was enthusiastically endorsed by the superb Czech pianist Jan Bartoš. Due to its intimate nature, At Dusk, Op. 13, a cycle of miniatures for solo piano, inspired by J. S. Machar’s poetry, stands in contrast to the concerto’s virtuosic stylisation. The tone poem Toman and the Wood Nymph may be deemed the most ambitious of Novák’s symphonic works. As the composer himself put it, he strove to express an “uncontrollable torrent of wild passion”, referring to the piece as an “orgy of sound” and the ballad as a “depiction of woman’s demonic power over man”. Jakub Hruša, a globally renowned contemporary conductor, invites us to rediscover Novák’s music: “We are obliged to perform it. His music is so profound and far-reaching that we simply cannot ignore it and let it gather dust in archives and remain buried in music history textbooks.”
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