Giuseppe Verdi (1813-1901)
Falstaff, opéra en 3 actes

Geraint Evans, baryton (Sir John Falstaff)
Robert Merrill, baryton (Ford)
Alfredo Kraus, ténor (Fenton)
John Lanigan, ténor (Dr Caïus)
Piero de Palma, ténor (Bardolfo)
Giovanni Foiani, basse (Pistola)
Ilva Ligabue, soprano (Alice Ford)
Mirella Freni, soprano (Nanette)
Giulietta Simionato, mezzo-soprano (Mrs Quickly)
Rosalind Elias, mezzo-soprano (Mag Page)
Orchestra e coro del Teatro dell'Opera di Roma
Georg Solti, direction

Réédition fort bienvenue du Falstaff enregistré à Rome en 1963, dans lequel la direction de Solti rappelle combien il est resté durablement marqué par Toscanini dont il avait été l’assistant plus de 25 ans auparavant. C’est nerveux, plein d’énergie, rapide et turbulent, et ce dès les toutes premières notes. Les truculences de l’œuvre sont traduites avec un brio irrésistible et dans toutes leurs variétés. On peut trouver un peu trop précipitées les formes archétypiques (sonnet, litanie, menuet) qui amènent, dans la scène de la forêt de Windsor, la fugue finale, mais le gigantesque éclat de rire qui la traverse alors est une apothéose splendidement réussie, sous-tendue comme par l’adieu que le compositeur fait à l’opéra. La voix grasse de Evans dans le rôle-titre ne mérite certainement pas les critiques qui s’étaient exprimées à l’époque de la production : elle est en fait riche et variée, sait pleinement rendre compte des inflexions de dépit et d’acrimonie des monologues tels que celui du « Mondo Ladro » et se fait légère à souhait dans l’évocation subtile du « Quando ero paggio ». Les trois membres du trio féminin sont on ne peut mieux associés, et se complètent à merveille. Ardeur et et bel entrain de Ligabue dans le rôle d’Alice Ford. Et Il y a chez Quickly-Simionato une façon délicieuse de redoubler avec malice la théâtralité dans le récit à la fois enjoué et distancé qu’elle fait, de son entremise, à ses deux commères. Le couple de l’intrigue secondaire Nanetta-Fanton est vif et charmant. Un enregistrement supérieur à celui que Solti fit une trentaine d’années plus tard. Le Falstaff de Giulini (1983) domine toutefois à mon sens la discographie. (Bertrand Abraham)

Despite the importance of Verdi’s last Opera, Falstaff does not have a discography comparable to that of Traviata or Trovatore. From 1950 to 2000 the recordings concerning this opera are relatively few, and among these the 1963 version conduced by Georg Solti remains among those memorable. The great Hungarian conductor would then record it once again in the Nineties; however, the vocal cast of 1963 remains unrepeatable, made up of voices that would later become the legend of the Opera, except the protagonist, Geraint Evans, whom some critics have discussed in more than one occasion. Despite this, the vitality of the interpretation, the overwhelming comic charge and the beauty of the Decca sound of those years (it is no coincidence that the production was by John Culshaw) still make this version a milestone in Falstaff ’s discography.