Piotr Ilyitch Tchaikovski (1840-1893)
Les Saisons op. 37b (Trans. pour harpe de S. Makropoulou)

Sissi Makropoulou, harpe

Cette jeune chasseresse a plus d'une corde à sa harpe. Ayant étudié à Athènes, elle commença à se faire connaître en Hollande, et s'est établie à Berlin. Mais en dehors de la musique classique – où, par rapport à ce que c'était dans notre jeunesse, la harpe connut ses heures de gloire mais n'a plus la vogue qui fut la sienne, y compris dans cette tradition française qui la prisa tant (le vent a tourné bien chichement, c'était une harpe à gonds…) - elle est en même temps compositrice jusque dans le domaine de la danse et du théâtre, se multiplie dans le pépiage bien de son âge d'Internet, et sous pseudonyme (Sissi Rada) s'active sur la scène de la musique électronique, comme chanteuse et parolière. Pour ce qui nous intéresse ici, elle s'est faite, en outre, la spécialiste des transcriptions pour harpe d'œuvres pianistiques. Dans un charme relatif à l'intérêt que chacun sera libre d'accorder à la chose (et pourquoi voulez-vous qu'à soixante-et-onze ans nous devenions mélomane dictateur ?), nous voici donc avec Tchaikovski, dont en général l'écriture pour piano solo n'a jamais bousculé le répertoire, et qui nous paraît osciller parfois entre banalité et insipidité. Relative réussite alors dans le genre, bon d'accord, et pas de bagarre à la récré. Mais tout de même, ces Saisons, il est permis de rappeler que le compositeur ne les lâchait qu'un peu forcé, mois après mois, à un magazine qui lui mettait un peu de beurre sonnant et trébuchant dans les épinards, encore fallait-il à chaque fois que son domestique lui rappelât cette petite corvée, à ses propres yeux, autant facile qu'insignifiante. Et il n'est pas sûr en somme qu'à si gentille douceur épinardière, une surpincée de sel harpiste puisse apporter enfin quelque semblant de menace d'hypertension. (Gilles-Daniel Percet)

Tchaikovsky’s evergreen collection of miniatures in a new and captivating arrangement for harp. Having worked with the Berliner Philharmoniker, the Deutsche Oper and MusicAeterna, Sissi Makropoulou has established a reputation among the most talented harpists of her generation, as well as a composer working under the name Sissi Radu. On this, her debut solo album, she brings both talents together. As she explains in her engaging booklet notes, she has been familiar with The Seasons since childhood. They count among the composer’s most intimate works, as well as his most popular. ‘I hear tenderness, benevolence and loneliness – the core of romantic love – in each and every note.’ It is the harp that lends a unique colour to some of Tchaikovsky’s most memorable passages such as the cadenzas in Swan Lake and The Nutcracker. In some cases – January, for example - Sissi Makropoulou has transposed the pieces to sit more easily on the harp and to exploit its sumptuous palette of enharmonics. And while the Shrovetide Fair of February presents considerable challenges to the harpist in terms of quicksilver articulation and lightning-fast chord changes, the results speak for themselves in terms of a happy marriage between music and instrument. March, for example, could have been written with the harp in mind. As an encore, Sissi Makropoulou plays her own arrangement of the second movement from Tchaikovsky’s Fourth Symphony. The gentle mood of this Andantino ‘in the style of a song’ transfers itself sympathetically to the harp in her hands, and is informed by her experience of playing the composer’s music under one of its most inspirational modern conductors, Teodor Currentzis.