 Tant de chef auront pris l’orchestre de Berlioz à bras le corps, cherchant à lui faire rendre gorge, en propulsant les effets, croyant que souligner était montrer son génie. Thierry Fischer prend le contrepied, et s’immerge dans le romantisme. Après tout, la Symphonie fantastique est d’abord un récit, avec un personnage principal. Ici, le roman musical déroule ses chapitres, action lorsque c’est le cas, décors (parfois) et soigné, écoutez les subtilités du Bal qui n’est plus du tout un numéro brillant, mais bien une scène à part entière. Tout ce qui relève de la musique de la nature voit son essence byronienne parfaitement comprise : la "Scène aux champs" a quelque chose d’un peu Manfred, Rêveries-passions est tout aussi atmosphérique. Les deux volets cataclysmiques où tant auront voulu résumer l’œuvre, prennent une dimension faustienne, font entendre avant les effets une dramaturgie raisonnée. L’orchestre moderne ? Non, décidément l’orchestre romantique. Les compléments sont soignés, "Mort d’Ophélie" mystérieuse, "Sara la baigneuse" panthéiste, alors que Philippe Quint chante "Rêverie et Caprice" comme un ténor, archet plus de mots que de notes. C’est bien vu, singulier comme tout ce disque résolument différent qui initie, semble-t-il, après une intégrale des Symphonies de Saint-Saëns justement remarquées, un cycle Berlioz qui sera au disque, pour l’orchestre de Salt Lake City, un nouveau pari. Demain "Lélio" peut-être ? (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  The choral versions of ‘La mort d’Ophélie’ and ‘Sara la baigneuse’ may be relative rarities on record but both are vintage Berlioz, short and striking, which should be much better known. Yet further incentive to acquire a terrific account of the ‘Symphonie fantastique’.
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