Richard Strauss (1864-1949)
Capriccio op. 85, Conversation musicale en 1 acte

Anna Tomowa-Sintow, soprano (La Comtesse Madeleine)
Wolfgang Schöne, basse-baryton (Le Comte)
Eberhard Büchner, ténor (Flamand)
Franz Grundheber, baryton (Olivier)
Manfred Jungwirth, basse (La Roche)
Trudeliese Schmidt, mezzo-soprano (Clairon)
Anton de Ridder, ténor (Monsieur Taupe)
Adelina Scarabelli, mezzo-soprano (La Chanteuse italienne)
Pietro Ballo, ténor (Le Chanteur italien)
Lorenz Minth, basse (Le Majordome)
Wiener Philharmoniker
Horst Stein, direction

Prima la musica e poi le parole ? D’une pochade de Salieri, Zweig tira un argument, et l’écrivain autrichien empêché pour les raisons que l’on sait, le discipline Clemens Krauss en fit un livret. Il n’y avait que des allemands pour faire d’une question de philosophie esthétique un opéra, ou plutôt une conversation en musique en l’occurrence, œuvre testamentaire du compositeur, riche en réminiscences : mélange des genres (un directeur de théâtre et une comédienne face à des allégories : le poète Olivier et la musicien Flamand se disputant les faveurs de la Comtesse Madeleine, la muse lyrique), le divertissement apporté par les chanteurs italiens… Mais Cappriccio est plus que cela : l’œuvre se souvient du recitar cantando de Caccini, prémices de l’art lyrique, et vient clore cette histoire de plusieurs siècles. Des opéras considérables viendront ensuite, sans rien y pouvoir. Ecoutez bien ce texte ciselé, cette heure et demie de musique qui s’écoule avec la brièveté d’un doux rêve. Après le monologue de la Comtesse, tout est accompli. Cette production de Salzburg est à la hauteur des enjeux : Horst Stein, qui connaît son Richard Strauss, fait exulter les Philharmoniker dans une grisante Verwandlungsmusik. Tomowa-Sintow qui fut une Maréchale pour Karajan, au sommet de ses moyens, délivre une scène finale anthologique. Distribution sans faiblesses. Une grande soirée salzbourgeoise, idéalement documentée par Orfeo. (Olivier Gutierrez)

Richard Strauss was approaching his 80th birthday when he wrote Capriccio. It was his final contribution to the 20th- century’s catalogue of stage works, and he intended it to be performed at the Salzburg Festival. Working from a charming outline sketch by Stefan Zweig, the poet and librettist of Die schweigsame Frau who had been driven out by the Nazis, Richard Strauss collaborated with his pupil and friend Clemens Krauss to create a highly witty and elaborate late work, which nonetheless disconcerted arts commentators for quite a long time. How could Richard Strauss, in the midst of the WWII’s most brutal disregard for spiritual values, write a work that seemed to serve such an unimportant intellectual game, a genuine piece of ‘art for art’s sake’? Yet it is precisely this sense of artistic thought, relieved of all reality, that gives Capriccio its special place, even within Strauss’ œuvre. This recording from 1985 was an immediate and unequivocal success, due mainly to the part played by Horst Stein and the Vienna Philharmonic, which duly led to numerous accolades in the press. With its markedly intellectual approach and high musical standard, this festival performance drew large audiences to Salzburg over a total of three summers.