Stefano Gervasoni (1962-)
"Gramigna", pour cymbalum et ensemble
"Prato prima presente", pour ensemble
"Nube obbediente", pour trombone, percussions et ensemble

Aleksandra Dzenisenya, cymbalum
Corrado Colliard, trombone
Elio Marchesini, percussions
Divertimento Ensemble
Sandro Gorli, direction

Depuis longtemps, Stefano Gervasoni (1962-) a à cœur de tisser des liens – ténus, souterrains, vaguement repérables – entre ses œuvres, et les trois compositions de ce nouveau disque, outre qu’elles partagent des titres reliés à la nature (l’aspect le plus apparent de la préoccupation du compositeur pour l’évolution climatique), se réfèrent, entre autres, à ses cycles Prés ou Aster Lieder. Il propose l’idée d’une partition sous forme d’environnement peuplé d’objets sonores et développe dans chacune des pièces – certes différentes mais réunies par un effectif instrumental réduit proposant une large palette de timbre –, un thème écologique : Gramigna (le chiendent, qui nuit aux cultures) se penche sur la valorisation de ce que la production de masse nous amène à considérer comme des déchets – la partition se nourrit d’erreurs compositionnelles, réintègre les mauvaises herbes au travail du champ ; Prato Prima Presente (qui signifie « Le pré d’avant »), entièrement écrite à partir de pièces antérieures (écrite, pas collée ou rapiécée : l’œuvre est originale), rappelle que même la prairie sauvage repose sur un passé, un arrière-plan qui la précède – elle n’est pas vierge ; Nube Obbediente (qui se traduit par « Nuage obéissant »), version concertante de ce que Gervasoni conçoit à l’origine comme une pièce de théâtre destinée à sensibiliser les jeunes au changement climatique, combat la domestication humaine de la météo, vue comme une ressource parmi d’autres. Trois œuvres hors de l’ordinaire, qui magnifient avec adresse et talent un recyclage vertueux, respectueux. (Bernard Vincken)

The three works of Stefano Gervasoni on this disc thereby contain, as the composer himself explains, “significant links, both explicit and subterranean” with other pieces of his, and they all explore “themes relating to the environment”. Concretely, how can such ideas be revealed in a musical context? These ecological preoccupations manifest clearly in the titles of the works (Yesterday’s Meadow, Weed/Quackgrass, Obedient Cloud). Is the composer merely writing in accordance with present- day trends, riding the wave of issues to which one can no longer remain indifferent — the mountains of waste produced by humans, the destruction of natural resources or indeed climate change and its direct consequences on ecosystems and migratory flows? While each is very different from the other, Prato prima presente (2009) for ensemble, Graminga (2009- 2015) for cymbalum and ensemble and Nube obbediente (2011) for trombone, percussion and ensemble all share numerous family traits. Beyond the titles, which all refer to nature, these three works call for a rather reduced instrumentation, which nevertheless offers a vast palette of timbres; moreover, they develop a quasi-concertant approach, in which the soloists do not necessarily reveal themselves as such, whereas the instrumentalists within the ensemble are also considered as individuals. The subterranean connections reuniting these three works stemmed from the idea that a score can be considered as an “environment” populated with different “sound objects” which are superposed and juxtaposed; these objects are “tested” by the composer in new environments for which they were not originally intended.