Sergei Bortkiewicz (1877-1952)
Concerto pour piano n° 1 en si bémol majeur, op. 16
Lamentation en ré mineur, op. 17 n° 1
Nocturne en mi bémol majeur, op. 24 n° 1
Suite de ballet orientale "Mille et une Nuits", op. 37

Anna Shelest, piano
Estonian National Symphony Orchestra
Neeme Järvi, direction

Le Concerto est enregistré "live" à Tallinn en octobre 2024, et c’est heureux. L’œuvre en surprendra plus d’un, dotée d’un final absolument délirant emporté avec un brio assez fou par Anna Shelest, qui fait tant pour des partitions oubliées. L’opus de Bortkiewicz méritait bien un nouvelle version après la proposition un peu sage de Stephen Coombs, Neeme Järvi, de sa baguette aiguisée, la délivre des influences tchaikovskiennes, la rapproche des univers de Sergei Rachmaninov et de Nikolai Medtner, soudain ce compositeur tenu pour marginal prend une autre stature, Anna Shelest animant la fabuleuse Suite du ballet "Les Mille et une nuits" que Bortkiewicz adapta avec tant de brio pour ce piano dont il était un virtuose consommé. Il faut une pianiste de première force pour en rendre la narration, les épisodes poétiques, et une coloriste du clavier, tant l’ampleur et les couleurs de l’orchestre s’invite dans ce clavier versicolore. Elle apporte une alternative séduisante à la si belle version offerte récemment par Etsuko Hirose. Disque assez magnifique, qui laisse espérer que la pianiste n’a pas dit ici son dernier mot au rayon Bortkiewicz : les deux autres Concertos (dont le Second, écrit pour Paul Wittgenstein) l’espèrent, d’autant qu’une alternative à la version de Stefan Doniga serait bienvenue. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)