Entre deux pôles l’archet d’Erwin Schulhoff balance : Bach ou les ménétriers, il ne choisit pas, le rythme des seconds (qui lance la verbunko du final), les ornements aux épices baroques se marient dans une œuvre qui sent tout de même plus le plein air, les musiques de village, que l’estrade du virtuose. Baiba Skride épice cette œuvre rare au disque avant de rossignoler la sublime Sonate op. 31 n° 3 de Paul Hindemith (la troisième de celles qu’il dédie au seul violon), œuvre essentiellement mélodique, sereine, ailée, bouleversante par son imaginaire limpide qui rend hommage à Mozart au long d’un final à variations que la violoniste détaille avec poésie. Autrement sombre, la grande Sonate ombrageuse, aux harmonies tendues, que Philippe Jarnach dédie à Max Reger, est toute entière placée sous le magister de Bach, mais son modernisme inquiet jusque dans un final acide rappelle que Jarnach cherchait, à l’instar de Busoni, d’autres mondes sonores. Trouvaille formidable, Baiba Skride exhume la Sonate pour violon seul d’Eduard Erdmann, pianiste majeur, certes, mais aussi compositeur de première force. Le dénuement du chant, l’altitude spirituelle de cette musique roide, de loin la plus moderne des quatre sonates des années vingt regroupées ici achève de rendre indispensable cet album parfait. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) The internationally acclaimed Latvian violinist Baiba Skride makes her first recording of music for unaccompanied violin with this programme of sonatas by Erwin Schulhoff, Paul Hindemith, Philipp Jarnach and Eduard Erdmann. Although Johann Sebastian Bach’s sonatas and partitas for solo violin are regarded as the measure of every violinist’s technical skill and maturity, works for unaccompanied violin became increasingly rare in the classical and romantic eras that followed. It wasn’t until the turn of the 20th century that Max Reger made a conspicuous contribution to the genre with a total of eleven sonatas. His example no doubt provided the impetus and inspiration for his contemporaries and successors to create these further four additions to the genre, all written in the 1920s.
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