Franz Schubert (1797-1828)
Die schöne Müllerin (La belle meunière), D795, op. 25
Herbst, D 945
Schwanengesang, D 957
Die Taubenpost, D 965 A
Sehnsucht, D 879
Am Fesnter, D 878
Bei Dir allein, D 866
Der Wanderer an den Mond, D 870
Das Zügenglöcklein, D 871
Im Freien, D 880
Winterreise (Le voyage d'hiver), cycle de 24 lieder, D 911

Christoph Prégardien, ténor
Michael Gees, piano
Andreas Staier, piano

Des trois derniers cycles de Franz Schubert (1797-1828), l’assemblage « Schwanengesang », le chant du cygne de 1829 est apocryphe : déjà le marketing jouait et l’éditeur surfait sur la vague du talent disparu ! Cela n’ôte rien à l’intérêt de ces quatorze merveilleux lieder testamentaires où le ténor Christoph Prégardien achève avec le pianofortiste Andreas Staier en 2008, un voyage dans l’univers schubertien commencé quelques quinze ans plus tôt avec maestria, par la « belle meunière » puis « le voyage d’hiver ». Ici Prégardien est bien le prince des mélodistes, au sommet, qui d’une certaine façon dit adieu à la voix de jeune premier ayant fait sa gloire. La ligne vocale est longue, le timbre égal sur tous les registres et les aigüs d’une tendresse à couper le souffle. Quant à la diction, même si nous ne sommes pas germanophiles, nous avons en permanence l’impression que le chanteur nous parle, nous charme ou nous fait des confidences avec une sincérité soulignée par un tapis musical envoutant du complice pianofortiste de toujours. Écoutez la célèbre sérénade « Ständchen » et surtout le crépusculaire dans le lointain « In der Ferne » et vous serez bouleversés par tant d’abandon. Quant au pigeon voyageur « Die Taubenpost », dernière œuvre de Schubert, il résume en soi l’univers musical du compositeur viennois qui nous quitte à 31 ans avec beauté, légèreté et amitié… Que le grand vol est évident ! Suivent les deux cycles de Müller enregistrés respectivement en 2007 et 2012, Die schöne Müllerin « la belle meunière » et Winterreise « le voyage d’hiver » accompagnés par un autre complice Michael Gees. Ici Christophe Prégardien prend le risque d’une nouvelle proposition… Et quel risque ! Le ténor accompagné au piano moderne a vieilli. Tout prend sens : le pianoforte a disparu, la voix n’est plus, le temps non plus, nous sommes face à une mise en abîme extraordinaire où regardant le miroir des années passées le jeune premier n’a plus de reflet. Ce n’est plus lui qui nous parle, la voix est sombre, barytonnante, rauque parfois… Alors, où retrouver le beau meunier de jadis ? Nulle part ! - car Der Neugierige, « le curieux » s’est effacé alors que le petit ruisseau coule toujours - mais non - c’est dans le dit d’un conteur évoquant un amour impossible, comme tirée d’un vieux grimoire d’une bibliothèque imaginaire, et qui ornemente pour gommer les rides du temps soutenu par un piano lisse, que le jeune homme est bien présent -… Trockne Blumen, les « fleurs séchées » sont d’un vieux rose comme une toile oubliée de Caspar Friedrich et le voyage d’hiver qui s’ensuit froid, sombre, nostalgique, sublimé… Une réelle introspection qui nous prend à la gorge comme ces Gefrorne Tränen, ces « larmes gelées » qui, tel le ruisseau, coulent toujours, comme les doigts engourdis du vielleux qui jouent imperturbablement et nous ramène à l’essentiel : le génie de Franz Schubert… (Florestan de Marucaverde)

Is this an hommage to Schubert? Or just to a leading Lieder tenor of our time? Probably this box is both and it represents a clear reference for anyone who is a seasoned Lieder lover or a neophyte wanting to approach this genre. I don’t say anything new when I state that the three Schubert’s Lieder cycles are the the pinnacle in the history of the art song. Not by chance any serious male singer wants to record at least one of these masterpieces. Christoph Prégardien has been through the last two decades one of the most important and interesting voices confronting this engaging repertoire. He has taken an innovative approach in the hystory of interpretation, a way of singing that is linked to his consolidated experience as a Baroque tenor. The three discs originally issued met with the unanimous acclaim from critics and consumers. They immediately turned up to be reference versions of each cycle. So, this box comes as the discographic crowning achievement of Prégardien’s career and it is easy to predict it will be the reference version of one of human history highest musical moments: Schubert’s most complex and most beloved output in the Lieder medium.