Peter Eötvös (1944-)
"Focus", concerto pour saxophone et orchestre

Georg Friedrich Haas (1953-)
Concerto pour saxophone baryton et orchestre

Vykintas Baltakas (1972-)
"Saxordionphonics", pour saxophone soprano, accordéon et orchestre de chambre

Johannes Maria Staud (1974-)
"Violent incidents", pour saxophone, instruments à vent et percussion

Marcuss Weiss, saxophone
Teodoro Anzellotti, accordéon
WDR Sinfonieorchester
Elena Schwarz, direction
Emilio Pomarico, direction
Windkraft Tirol
Kasper de Roo, direction

Les quatre concertos pour saxophone (une denrée plutôt rare) choisis (et interprétés d’un souffle éclatant) par le soliste Marcus Weiss – il officie aussi au sein du Trio Accanto et de l’ensemble Xasax – sont quatre œuvres créées par le saxophoniste bâlois, suffisamment frappantes pour passer la barre d’une première fois et se voir ensuite programmées à plusieurs reprises : chacune porte la marque de son compositeur et ensemble elles mettent en jeu l’étendue de la gamme des saxophones, du bariton au soprano. Dans l’intrigant "Konzert", Georg Friedrich Haas s’appuie sur la puissance physique du bariton ; pour "Focus" (dont le vol de bourdon du début met directement à même hauteur soliste et orchestre et dont certains passages syncopés lorgnent vers le jazz), Peter Eötvös convoque saxophones ténor et soprano ; avec "Violent Incidents", tout de vents et percussions, Johannes Maria Staud (l’autre compositeur autrichien, après Olga Neuwirth) flirte avec le big band ; enfin, le saxophone soprano est implacable dans les articulations rythmiques de "Saxordionphonics" du lituanien Vykintas Baltakas. (Bernard Vincken)

Ces concertos nous permettent d’apprécier la souplesse, la virtuosité et les larges possibilités expressives du saxophone. Registres extrêmes, sauts d’intervalles, jeu sur le souffle et sur le timbre, dynamique sonore, effets de percussion, en plus d’un jeu classique au lyrisme explosif et à la luminosité perçante sont autant de difficultés et de couleurs valorisées par ces œuvres. Ainsi, le concerto (2021) d’Eötvös combine musicalité débridée et maîtrise technique exigeante. Le saxophone ténor et le soprano y sont mis à l’honneur. Attirant et mystérieux, le concerto pour baryton (2008) de Haas fascine. Le large registre de l’instrument exprime autant une force imposante dans les graves qu’une fragilité aérienne dans les aigus. Extrême pianissimo, diphonie et timbre grommelant du saxophone s’incorporent à un orchestre aux couleurs puissantes et ésotériques nous entraînant dans un univers fantasmagorique. Le concerto pour saxophone soprano, accordéon et orchestre de chambre (2013) de Baltakas a un côté espiègle avec ses ponctuations sautillantes se déployant ensuite en traits incisifs et aigus. En plus du lyrisme brillant « Violent Incidents » (2005/06) de Staud exploite les qualités bruitistes et organiques du saxophone s’agglomérant à un orchestre à vents et percussions engendrant une œuvre à la mobilité changeante. Un album stimulant pour les mélomanes avides de nouveaux horizons sonores et esthétiques ! (Laurent Mineau)

After the invention of the saxophone about 180 years ago, it has been hugely successful in certain musical styles, but never really established itself in the symphony orchestra. It’s still seen as a newcomer, and relatively few solo works have been written for it – at least until recently. Marcus Weiss, one of the most successful classical saxophonists, chose four very characteristic concertante pieces from recent decades that demonstrate a wide range of possibilities for the instrument. All four pieces were premiered by him and three of them are dedicated to him. The compositions represent various directions within New Music with very distinct individual characters each. “The pieces also show that we saxophone soloists always play the full range of instruments, from the lowest to the highest, from baritone to soprano. Every instrument is able to show its particular qualities in these works.” (Marcus Weiss) When Adolphe Sax applied for patents for his new instrument in Paris in 1846, he submitted drawings of the baritone saxophone. Georg Friedrich Haas’s work is therefore the centerpiece of this recording – the baritone with its physical power, with multiphonics that are juxtaposed with the orchestra, but also with a singing parlando. The youngest piece of this album, Peter Eötvös’s very virtuosic “Focus” , and the work by Johannes Maria Staud use both tenor and alto sax, while the soprano is exactly the right choice for Vykintas Baltakas’ crystalline music.