 Il est des compositeurs inspirés par les musiques populaires et qui, tels Schubert, Chopin, Liszt ou Bartók ont su en quintessencier les mélodies par un style bien personnel. Bien que largement méconnu et non apprécié, en dépit de deux enregistrements signés en 2005 et 2007 sous le même label par Barbara Karaskiewicz, Roman Statkowski (1859-1925) qui fut l’élève pour la composition de Nikolaï Soloviev (1846-1916), de Rimski-Korsakov pour l’orchestration et d’Anton Rubinstein pour le piano, mérite de s’inscrire dans cette prestigieuse lignée. Les musiques présentées dans cet enregistrement puisent aux racines largement polonaises mais savent en tirer les sucs cohobés d’un style personnel des plus délicat. La filiation avec Chopin est évidemment indéniable mais Statkowski sait y ajouter une dimension tour à tour élégiaque ou fantasque qui en fait la signature et le charme. L’art avec lequel le compositeur s’approprie les différents registres du piano, la finesse dont il dote ses harmonies confèrent une authentique séduction à ces seize petites pièces par la taille. La Rêverie initiale en forme de Krakowiak op. 23 n° 2 résume en quelque sorte cataphoriquement les atmosphères évoquées par la Dumka — rappel des quelques années que le compositeur polonais vécut à Kiev au sortir de ses études — les Mazurkas de l’op. 24, l’Oberek op. 22 n° 4, tandis que la Krakowiak op. 23 n° 4, qui clôt l’enregistrement, porte à son acmé l’exaltation d’un profond sentiment romantique tour à tour fantasque, rêveur mais toujours passionné. Je ferai un sort un peu plus particulier aux deux séries de miniatures qui constituent les Immortelles op. 19 (Niesmiertelniki), saisissantes miniatures que l’on pourrait rapprocher de certaines pièces de Janácek (n° 1 Allegretto un poco rubato) ou de Medtner (n° 7 Con moto giusto). Il est juste de souligner que le jeu très sensible et finement virtuose d’Anna Paras fait de ce disque un enregistrement en tous points remarquable, au piano fort bien capté et qui fait désirer d’autres interprétations de cette artiste. (Jacques-Philippe Saint-Gerand)  Roman Statkowski was a Polish composer and teacher, born to a manorial family with a strong musical tradition. At the age of 13, he began his education in composition, harmony, and counterpoint, under the guidance of Wladyslaw Zelenski at the Music Institute in Warsaw. When Zelenski moved to Kraków in 1881, Roman Statkowski began his lawyer studies at the University of Warsaw, which he finished in 1884. Between 1886–1890 he undertook further studies at the St Petersburg conservatoire, composition with Nikolai Soloviev, piano with Anton Rubinstein, and instrumentation under Nikolai Rimsky-Korsakov. In 1890 he received his diploma with a golden medal, achieved through his cantata Balthazar’s Feast. After his studies, he lived for a while in Kiev, where he taught at a music school, then Moscow and at his estate in Volhynia. After his estate was confiscated between 1897–1899, he travelled through Europe, only to return to Moscow in 1899, where he took up the position of director of the branch of Warsaw’s piano storehouse, Herman & Grossman. In 1904 he moved back to Warsaw and becomes a professor at the Music Institute, teaching composing, diction, instrumentation, and music history. As a noted teacher, the fruits of his work at the conservatoire was illustrated in an incredible alumnus: Apolinary Szeluto, Jerzy Lefeld, Boleslaw Szabelski, Kazimierz Wilkomirski and Victor Young (film music composer who received 20 Oscar nominations, including one posthumously)...

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