 Des lieder, une myriade de pièces de piano, une abondante production chambriste, Dora Pejacevic s’était déjà fait un nom, en dehors même des frontières de la Croatie où elle fut un des fers de lance de la nouvelle école nationale. Il lui fallait une symphonie, d’autant que ses nombreux séjours en Allemagne l’avaient familiarisée avec les œuvres orchestrales de Richard Strauss et de Gustav Mahler. Œuvre au noir, dont les mouvements extrêmes sont de véritables tableaux de guerre, échos même de la période de composition de l’œuvre (1916/1917). Insatisfaite, elle remisa la partition, puis finit par la réviser en vue de la création de l’œuvre, en 1920, à Vienne, sous la direction d’Oskar Nedbal. Las, l’œuvre tomba dans l’oubli jusqu’à ce qu’Ari Rasilainen l’enregistre, dévoilant une partition expressionniste d’une puissance certaine, où la maitrise de l’écriture orchestrale, le goût pour les interventions solistiques des bois qui confèrent aux passages lyriques une note d’élégie, montrent que la Comtesse maitrisait la grand forme cyclique comme le grand orchestre. La Phantasie Concertante (1919) est tout aussi surprenante, avec son écriture pianistique exubérante, ses humeurs, ses foucades, où semble passer le souvenir de la Burleske de Richard Strauss. Volker Banfield, en doigts fulgurants, rappelle quel virtuose il est demeuré, toujours au service de textes rares. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

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