Un premier disque Stravinsky ("Petrouchka", "Le Sacre") chez Quartz, dont je ne sais rien, a enthousiasmé la presse britannique, et pour ma part tous les disques de Charles Owen auront retenu en bien mon attention, son album Poulenc (les plus belles "Soirées de Nazelle") et ses "Barcarolles" de Fauré en premiers. L’accord poétique qui le réuni avec Katya Apekisheva parait dès la "Barcarolle" des magiques "Fantaisies-tableaux", tiendrais-je ici une nouvelle version majeure de ce cycle ? Lorsque les Rossignols de "La Nuit", "l’Amour" résonnent, j’en suis certain. Et pourtant les Suites de Rachmaninov, si courues au disque, auront suscité depuis les albums princeps de Vronsky-Babin et du génial duo d’occasion mariant Grigori Ginzburg et Alexander Goldenweiser quantité d’enregistrements magnifiques. Owen et Apekisheva ajoutent leurs interprétations fluides, cherchant la nuance piano, se défiant de toute brutalité – ce qui fait la Deuxième Suite plus lyrique qu’à l’habitude –, chantant dans la profondeur des claviers. A ce jeu si mesuré, si pensé, l’opus 11 déroule ses morceaux de fantaisie comme autant de précipités poétiques, musiques d’un autre temps que je savoure sans pouvoir m’en déprendre. Puisse ce duo persévérer (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé) Rachmaninov rectifié Vinteuil, on peut être comme survisité par ce déjà court chef d'oeuvre op. 5 (et idem pour son premier trio) du jeune protégé d'un Tchaikovski alors récemment disparu. Ce duo nous avait antérieurement comblés avec un Sacre du printemps à décoiffer les momies de conservatoire (où aucun lecteur de ClicMag, cela va mieux sans ne pas le dire). Leur première suite (ou Fantaisie-Tableaux), bien concurrencée au disque, figure parmi les meilleures, traversée à droite du clavier par une incessante dégoulinade en prise de bec pépiante d'oiseaux de féérie russe. La Barcarolle comme Les larmes sont à faire pleurer les pierres (et jusqu'à Pierre le Grand). A la rigueur, on pourrait souhaiter moins de fondu très à la musique française, davantage d'accentuations. Ne serait-ce que le final n'éclate pas tout à fait assez à toutes volées d'airain en "saint triomphe" (dixit le poème inspirant) de la grande Pâque orthodoxe (et c'est une enfance passée dans l'ombre d'une église qui nous fait vous le dire!). Mais de toute façon, quelle inspiration géniale, en somme d'une nostalgie native... Plus professionnelle, la deuxième suite émeut moins, et plus alimentaire, l'op. 11 garde toute sa séduction salonnardante, que son auteur renia quelque peu. (Gilles-Daniel Percet) Pianist Charles Owen and his regular duo partner Katya Apekisheva turn to Rachmaninov’s diverse Suites for two pianos, and the composer’s atmospheric Six Morceaux, for their first joint recording for AVIE. The co-founders of the London Piano Festival delve into the quintessentially Russian Suite No. 1, also known as “Fantasise-Tableaux”, with its poetic inspirations, and the more traditional Suite No. 2 which marked Rachmaninov’s compositional comeback after a four-year hiatus. Rounding out the album, Charles and Katya share the piano bench for the atmospheric piano-four hands Six Morceaux.
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