 Son profond, geste altier, tempos amples mais qui ne donnent jamais la sensation de trainer, plutôt celle d’un espace infini, Jean-Paul Gasparian est décidément chez lui chez Rachmaninov. Pas une once de sentimentalité, un discours classique équilibré dans un admirable jeu à dix doigts, avec une main gauche fabuleuse qui contrechante comme le faisait Rachmaninov lui-même, ce n’est pas un mince compliment. En place des élans romantiques, un art de dire, une poétique des notes qui surprend, tant la palette expressive est constamment alliée à une maitrise des dynamiques. Mieux, Jean-Paul Gasparian s’exalte autant aux grands jeux en accords, qu’aux traits vifs, toutes ces portées de petites notes que Nikolai Medtner aimait tant chez son ami, qu’il faut savoir chanter et dorer : elles ne sont pas qu’ornements, mais bien un élément fondateur de la syntaxe Rachmaninov. A ce titre, l’épisode central de l’Adagio sostenuto tient du prodige. Magnifique d’attention, l’accompagnement des bernois inspirés par Stefan Blunier avivent encore les couleurs et l’ampleur d’un piano hélas non précisé (cette manie des éditeurs de ne pas documenter l’instrumentarium…). Surprise, le jeune homme magnifie la Ballade héroïque d’Arno Babadjanian, compositeur majeur de l’ère soviétique trop longtemps resté dans l’ombre de Khatchatourian. Jean-Paul Gasparian serait bien inspiré de nous offrir tout un album de ses splendides pièces pour le piano. (Discophilia - artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  La musique russe est l’un des piliers du répertoire du jeune pianiste Jean-Paul Gasparian. Il interprète cette musique avec beaucoup de finesse et de clarté, contenant les effusions qui pourraient faire basculer la simplicité d’une ligne mélodique dans la trivialité. Son Concerto pour piano n° 2 de Rachmaninov est, sur ce plan-là, une réussite. En effet, l’interprète renoue avec l’idée d’une immense improvisation car la liberté du discours s’écarte, ici, du concerto traditionnel. La légèreté, est aussi service d’une virtuosité qui n’est jamais laborieuse. L’Adagio sostenuto qui s’enchaîne évoque autant un choral religieux que des danses archaïques avec quelques réminiscences empruntées aux concertos de Liszt. Là, le chant s’impose aussi puissamment que le piano capté très en avant ne laisse guère de place au dialogue avec l’orchestre. C’est une conception profondément romantique et lisztienne. Les pupitres sont davantage sollicités dans l’expression triomphante du finale. Stefan Blunier souligne ainsi les cordes graves, stimulées par la frénésie heureuse du clavier qui déjoue tous les pièges techniques de l’écriture. Nul effet de grossissement non plus, mais on aurait plus apprécié encore que le caractère parfois chambriste d’une mélodie irrésistible soit davantage perceptible. La musique du compositeur arménien Arno Babadjanian puise son inspiration non seulement dans la culture de son peuple, mais aussi dans les musiques du monde, toutes esthétiques confondues. Composée en 1950, la Ballade héroïque teinte son écriture post-Rachmaninov, de couleurs et de rythmes sans cesse changeants. Il y a un côté délicieusement improvisé dans le style de cette musique, passant d’une mélodie nostalgique à des traits très rapides, passant du clavier à l’orchestre. La souplesse de jeu et l’attention entre le chef et le pianiste portent avec bonheur, cette musique sans arrière-pensée et pourtant si inventive. (Jean Dandrésy)  The young pianist Jean-Paul Gasparian signs here his first disc with orchestra with the stainless Rachmaninoff 2 and the beautiful discovery of an Armenian composer, Arno Babadjanian, whose unpredictable career ends in the jazz and even the pop of the 70s!
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