 Compositeur prolixe, auteur d’une vingtaine d’opéras, d’un bon corpus de musique d’orchestre, de chambre, de quelques concertos et musique de films, Ildebrando Pizzetti (1880-1968) ne négligea pas la musique religieuse. Sa "Messe de Requiem" pour chœur a cappella fut composée en 1922 en l’honneur d’Umberto 1er assassiné par un anarchiste deux ans plus tôt. Si son écriture polyphonique émane par imitation du courant cécilien italien représenté par Tebaldini, Perosi et Bossi, son style narratif et coloré, s’avère bien plus innovant que celui de ces derniers. Ainsi du Kyrie qui part d’une cellule de grégorien pour se déployer tel un arc en ciel sonore dans une polyphonie fertile et diaphane. Idem pour le motif séminal du "Dies Irae", varié puis progressivement traversé de ruptures dynamiques et d’évocations visionnaires. Le bref "Agnus Dei" entonné par les anges nous fait entrevoir l’au-delà et nous prépare dans une atmosphère plus sereine au "Libera me". Contemporain de Pizzetti, le discret Giorgio Federico Ghedini se consacra assez vite, après une carrière de chef d’orchestre, à l’enseignement. Ses pièces chorales, d’une facture plus homophonique mais écrites avec un soin humble et précieux, semblent un florilège de mélodies populaires réinventées. Le Coro Eurydice dirigé tour à tour par Pier Paolo Scattolin (Requiem) et Maurizio Guernieri (Ghedini) combine une rectitude expressive un peu sèche à une riche palette sonore. On pourra préférer pour le Requiem la version Parkman (Chandos) ou celle de James O’Donnell (Hyperion) plus pertinentes d’intention. (Jérôme Angouillant)  With the publication of this cd, the Euridice Choir, Bologna achieves a major objective with regard to the divulgation of some choral works by two authors, Ildebrando Pizzetti (Parma 1880 – Rome 1968) and Giorgio Federico Ghedini (Cuneo 1892 – Genoa Nervi 1965), who are at the top of the history of 20th century Italian choral music; unfortunately most of these masterpieces seldom find place in concert programs and are, by consequence, little known. These compositions are set on very different stylistic sides) but their musical quality outlines a clear profile of the expressive depth and aesthetic consistency of Italian choral music from the early 1900. The imposing polyphonic structure of Pizzetti's Requiem and the "neo-Madrigalism" (as defined by Massimo Mila) adopted by Giorgio Federico Ghedini are based respectively on the suggestions of Gregorian chant and on the stylistic modules of the Renaissance compositional heritage, whose recovery constitutes the founding cornerpiece of this music.

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