CD 1
Enfant de choeur alto au sein du Dresdner Kreuzchor

CD 2
Lieder de Schubert, Beethoven, Mendelssohn, Schumann

CD 3
Airs d'opéras de Mozart, Nicolai, Haendel, Strauss, Rossini, Lortzing, Monteverdi

CD 4
Airs extraits de cantates et d'oratorios de Bach, Haendel, Haydn, Britten

Peter Schreier, ténor
Regina Werner, soprano
Theo Adam, basse-baryton
Hans Otto, orgue
Walter Olbertz, piano
Norman Shetler, piano
Dresdner Kreuzchor
Rundfunkchor Berlin
Rundfunkchor Leipzig
Dresdner Philharmonie
Staatskapelle Dresden
Kammerorchester Berlin
Rundfunk-Sinfonieorchester Leipzig
Rudolf Mauersberger, direction
Anton Paulik, direction
Otmar Suitner, direction
Siegfried Kurz, direction
Helmut Koch, direction
Wolf-Dieter Hauschild, direction
Herbert Kegel, direction

On sait quel ténor de grand caractère fut Peter Schreier, timbre ingrat mais mots ardents, voix dardée qui épuise la matière sonore mais l’envole aussi. Ce qu’est une voix qui parle dans le chant, il l’incarna jusqu’à l’épuisement. Les enregistrements assemblés par Berlin Classics rappellent qu’il demeura fidèle au long d’une grande partie de sa carrière au label est-allemand Eterna. C’était faire allégeance à ses années d’enfance, et se souvenir de son temps de manécanterie au sein du Dresden Kreuzchor. Justement l’album s’ouvre par un plein disque regroupant quelques captations de son temps d’alto, principalement des œuvres de son maitre de chœur, Rudolf Mauersberger, celui qui l’encouragea, le contraignit presque, à assumer sa voix d’adulte une fois la mue passée : son ténor d’homme ne serait jamais aussi beau que son alto d’enfance, mais il en conserverait l’art si émouvant. Heureusement hors Mauersberger, il y eu deux Cornelius (Die Könige, Simeon surtout, ses premières gravures en 1948, treize ans), deux Schütz objet principal avant même Bach du Kreuzchor, et une section de cinq Bach. Ce que proclame « Es ist vollbracht » de la Passion selon Saint Jean (qui deviendra son Bach favori), c’est Dresde dévastée par les bombes, rasée, ce que le gamin vit et dont il se souvient cinq ans plus tard, alors oui, tout est consommé, ce qu’essaye d’apaiser un Agnus Dei hors du temps, vraie prière de paix et de douleur mêlées. Le reste, liedersänger, ténor d’opéra et d’église est mieux connu, mais les gravures Eterna furent toujours rééditées au compte goutte, et retrouver son héritage quasi complet, le faisant entendre en récital, à la scène, au culte, de Bach à Britten en passant par Mozart et le lied romantique dont il fut l’un des maitres absolus au XXe Siècle, compose plus qu’un portrait, il résume son art ardent qui déjà transfigurait le chant de l’Enfant. (Jean-Charles Hoffelé)