Nikolai Roslavets Sonates et autres œuvres pour violoncelle Tarasova Starodubtsev

Stupéfiante la Sonate pour violoncelle et piano que Nikolai Roslavets composa en 1921, neuf minutes en forme de brasier expressionniste dont la seule référence pourrait-être Scriabine. Mais non, ce que Roslavets amenait alors à la musique soviétique était l’écho de la Seconde Ecole de Vienne, ce que soulignent les élan brisés si schoenbergien de la partie de piano comme la suractivité du violoncelle. Les étrangeté de la Seconde Sonate écrite l’année suivante n’iront pas si loin, le langage harmonique reste toujours aussi fascinant dans son épure même, le grand prélude pour le piano solo fait résonner tout un univers de songes sombres que le violoncelle tire vers des nuances dramatiques, Marina Tarasova tendant la ligne à mesure. L’œuvre se terminera pourtant dans des nuances de rêves surement opiacés qui paraissaient déjà en 1912 dans la "Danse des Jeunes Filles". Elle ajoute en apostilles et pour certaines en premier enregistrement mondial, des pièces brèves signées Mossolov et Popov, deux autres futuristes qui n’iront pas aussi loin que Roslavets, Pingoud ou Lourié. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

Les quatre compositeurs russes du début du 20e siècle réunis sur cet album possèdent chacun, une esthétique caractéristique. Le duo formé par Marina Tarasova et Evgeny Starodubtsev identifie parfaitement la puissance expressive de ces musiciens. On a cru que la formule lapidaire et simpliste de "Schoenberg russe" résumait l'écriture de Roslavets. Son système d'organisation des sons est moins strict que celui du viennois. Il accomplit une synthèse entre le post-romantisme d'un Scriabine et la "tabula rasa" entreprise par les plus radicaux des musiciens des années vingt. Les quatre pièces interprétées jaillissent comme des feux brûlants. L’interprétation est altière et sans pathos, d’une superbe facture. Aucun folklore, et encore moins aucune trace de romantisme n’affecte l’écriture du révolutionnaire Mossolov. L’auteur des "Fonderies d’Acier" fut condamné à 8 ans de goulag en 1937 (il n'en fera qu'une année effective) et il mourut totalement oublié en 1973. La dimension percussive de la Légende et le caractère décharné de l’Elégie sont rendus avec beaucoup de tempérament et de précision. Le style néoromantique digne d’une bluette sans arrière-pensé de la Mélodie de Popov est restitué avec beaucoup de pudeur. La Romance de Scriabine, pièce de jeunesse, referme dans la brume romantique, ce récital des plus instructifs. (Jean Dandrésy)