Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Die Verstellte Gärtnerin, K 196 (version allemande de "La finta gardiniera"), opéra en 3 actes

Sandrine Piau, soprano (La marquise Violante Onesti)
Julian Prégardien, ténor (Le comte Belfiore)
Susanne Bernhard, soprano (Arminda)
Lydia Teuscher, soprano (Serpetta)
Olivia Vermeulen, mezzo-soprano (Le chevalier Ramiro)
Wolfgang Ablinger-Sperrhacke, ténor (Don Anchise)
Michael Kupfer-Radecky, baryton (Roberto)
Münchner Rundfunkorchester
Andrew Parott, direction

L’Allemagne se sera attribuée cette "Finta Giardiniera" crée en son temps à Munich, et le disque ne fut pas étranger à la métamorphose de cet opéra buffa en Singspiel. Hans Schmidt-Issersted, pour les micros de Philips en réalisa une gravure splendide, à la distribution stellaire (Norman, Donath, Troyanos, Sukis, Unger, Prey et j’en oublie), confirmant d’ailleurs une tradition établie par les radios germaniques dès le début des années cinquante : cette "Gärtnerin" était alors le plus joué des ouvrages de jeunesse de Mozart. Leopold Hager, puis Nikolaus Harnoncourt revinrent au dramma giocoso et à l’italien, colorant soudain l’œuvre d’une vivacité où s’évoquera pour certains le parfum prémonitoire des Nozze. Andrew Parrot aura tranché, il dirige en concert la version allemande, mais pas celle que l’on connait par la gravure d’Hans Schmidt-Issertedt, il faudrait débrouiller les sources de cette traduction différente qui interpole parfois un air d’un personnage l’autre, ce dont je suis bien incapable. Reste que même germanisée, cette "Gärtnerin" est emmenée comme une folle journée par Andrew Parrott et magnifiée par le couple principal : la Comtesse de Sandrine Piau sous le masque de Sandrina ne saurait renoncer à l’aristocratie naturelle de son timbre, elle éclaire le personnage avec un art surprenant. Face à elle le Comte de grande fantaisie de Julian Pregardien est simplement épatant, jusque dans ses élans de cadences virtuoses. Mention spéciale pour le Ramiro tendre d’Olivia Vermeulen, bravo à Lydia Teuscher, Serpetta dont le beau chant n’abdique jamais le caractère pimenté du personnage, révérence au Don Anchise de Wolfgang Ablinger-Sperrhacke, mais tous excellent, délivrant une version qui constitue un ajout majeur à la discographie pourtant limitée de cette folle comédie. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

En 1775, un Mozart de 19 ans donne à Munich « La finta giardinera » (la fausse jardinière). Le succès enthousiaste est au rendez-vous. En 1779, lors du passage d'une troupe à Salzbourg, Mozart fait de cette opera buffa un Singspiel, genre théatral alors plus à la mode dans les pays de langue allemande, et qui alterne parties chantées et parties parlées. L'original en italien ayant longtemps été réputé perdu, c'est sous la forme allemande que l'opéra a été joué jusqu'en 1978, date de la redécouverte de l'original. Dès lors, le Singspiel n'est plus que rarement donné. Mais il y a cinq ans, l'orchestre de la radio de Munich le redonne, sous la direction d’Andrew Parrot. C'est cette version que nous propose cet album. Cette « fausse jardinière » marque le début de la première maturité de Mozart. Influencé par Gluck, il y cherche une caractérisation psychologique des personnages, à l'opposé des modèles désormais trop rhétoriques et maniérés de l'opéra à sujet mythologique ou historique. L'action se passe au XVIIIème siècle en Italie. L'argument en est complexe, riche en rebondissements et coups de théâtre : Abus de pouvoir, meurtres par jalousie, réapparition de l'amante qu'on croyait tuée, déguisements, trahisons amoureuses, usurpations et reniements d'identité, accès de folie, délires... Et trois mariages en conclusion, sauf celui du méchant. Une rareté à (re)découvrir, d'autant plus que les parties chantées sont portées par un trio de charme et de choc : Les sopranos Sandrine Piau et Lydia Teuscher, et le ténor Julian Prégardien (Marc Galand)

5 years ago the Munich Radio Orchestra under Andrew Parrott performed Mozart's Singspiel "Die verstellte Gärtnerin" - the rarely performed German version of "Finta gardiniera", which can now finally be released on cpo. A top cast is assembled here: Sandrine Piau, Lydia Teuscher and Julian Prégardien, among others. When this opera was premiered, Mozart was 19 years old - an age at which most composers had not even begun. Wolfgang Amadeus' career as a musician - and as a composer - had been in full swing for several years, however. The work belongs to the genre of opera buffa, within which it follows the type of opera semiseria (half opera) popular at the time. Accordingly, in addition to buffa parts, there are also semi-seria parts and even a pure seria part. The music is of great richness. Mozart shows himself here as a true master of opera buffa. At the same time, the music already points beyond these to masterpieces such as Le nozze di Figaro and Don Giovanni. The first two acts of the opera contain large-scale, effective finales.