Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Sonate pour piano n° 1 en do majeur, K. 279
Sonate pour piano n° 2 en fa majeur, K 280
Sonate pour piano n° 3 en si bémol majeur, K 281
Sonate pour piano n° 4 en si bémol majeur, K 282
Sonate pour piano n° 5 en sol majeur, K 283
sonate pour piano n° 6 en ré majeur, K 284

Tom Beghin, pianoforte

En parallèle à un livret d’accompagnement fourmillant de précisions et justifications historiques autant que rhétoriques, s'inspirant tout autant de la préface des sonates Wq. 50 (1758-59) de Carl Philipp Emanuel Bach, le pianiste belge-canadien Tom Beghin propose dans cet enregistrement de prolonger une pratique documentée au milieu du XVIIIe siècle consistant à embellir les reprises pour aboutir à une véritable réécriture des parties improvisées des sonates (Kv. 279-80-81-82-83-84) d’un Mozart de dix-neuf ans (1775). Le terme « reprise » s'applique ici à l'une ou l'autre des deux sections d'un mouvement en forme de sonate qui doivent être répétées selon l’adage horacien « Bis repetita placent ». L'attente d'une telle répétition et de ses formes est cruciale autant pour l’interprétation que l’écoute de ces œuvres dans le paradigme esthétique et rhétorique des débuts du classicisme. L'idée de Tom Beghin est donc de s'appuyer sur les études antérieures consacrées à Mozart en tant qu'improvisateur, afin de produire un texte entièrement écrit, publiable, et interprétable des reprises que Mozart aurait imaginées en improvisant. Alors que Carl Philipp Emanuel Bach affirmait avoir inventé un nouveau genre « à l'usage et au profit » des amateurs, Tom Beghin applique des principes similaires aux sonates de jeunesse de Mozart, composées à Salzbourg et Munich en 1774-1775, et supprime tous les signes de répétition ad libitum en les remplaçant par des reprises écrites variées. Une originalité qui ajoute intelligemment au charme mozartien et le renouvelle spirituellement. Adepte des pianos du facteur Andreas Stein, Mozart déclarait que la sonate en Ré majeur sonnait admirablement sur cet instrument. Tom Beghin joue sur une réplique d'Andreas Stein construite par Chris Maene en 2016 à partir de la collection de l'Orpheus Instituut, excellemment enregistrée dans la magnifique chapelle du Sint-Lodewijkscollege à Bruges. Une magnifique réalisation digne de tous éloges. (Jacques-Philippe Saint-Gerand)

In 1775 Leopold Mozart made an offer to publisher Breitkopf in Leipzig: to print an opus of keyboard sonatas by his son mit veränderten Reprisen, following the famous example set by C. P. E. Bach. Breitkopf declined, but after 250 years the idea still resonates: what might Wolfgang Amade´ Mozart’s Sonatas with Varied Reprises have sounded like? Played on a highly responsive Stein fortepiano, Tom Beghin’s reconstituted score of K. 279–284 (Munich, 1775) provides a captivating answer—one that challenges our familiarity with six classics of the repertoire, while also paying tribute to Mozart’s supreme improvisational skills.