L’une des plus importantes œuvres de Charles Martin Loeffler, et sans doute l’une des plus belles, la Mort de Tintagiles, pour viole d’amour et orchestre, couplée avec les Cinq fantaisies écossaises, pour ténor et orchestre. Un enregistrement rare de la musique de Loeffler, compositeur et violoniste alsacien, né à Mulhouse en 1861, ancien élève du célèbre Joseph Massart et membre du non moins célèbre orchestre Pas de loup. Charles Martin Lœffler est un compositeur d'ascendance germanique (il serait né à Mulhouse en Alsace), il a fait ses études de violon à Berlin auprès de Joseph Joachim, puis à Paris (où il apprend la composition), suit un bref passage en Hongrie avant de parfaire son métier aux Etats-Unis ou il émigre défitivement comme chef d'orchestre du Boston Symphony Orchestra. La mort de Tintagiles poème symphonique, inspiré par la pièce de théatre (pour marionnettes) de l'écrivain belge symboliste Maurice Maeterlinck, est écrit par Lœffler en mémoire de son frère, décédé à l'âge de 15 ans. Deux sœurs isolées sur une île avec un serviteur et leur grand-mère fantômatique accueille le petit frère qui va raviver de vieilles frayeurs. L'atmosphère pesante et macabre de ce conte pour enfants est bien rendue par une harmonie recherchée et une riche orchestration, efficace et volontiers spectaculaire. La ligne mélodique très fluctuante modèle le récit. La tradition symphonique française y est perceptible (Magnard notamment). Cette longue page comprend un instrument soliste : la viole d'amour… seule capable, selon le compositeur, d'exprimer l'esprit et l'humeur du drame. Présence singulière et inquiétante, pressentiment d'un épilogue funeste, dans la partie calme et faussement pacifiée du poême. Les cinq fantaisies irlandaises évoquent les mélodies orchestrales des anglo-saxons (Vaughan Williams, Butterworth). Dotées d'un ténor expressif, elles illustrent bien les paysages celtiques de l'ancienne Irlande décrits par Yeats. Elle furent chantées en gaélique par John Mc Cormack lui-même à la création en 1922. L'amiral John Nelson, ses deux valeureux solistes et son vaisseau d'Indianapolis nous font traverser l'océan et découvrir entre deux étapes ces œuvres rares aux climats vaporeusement exotiques et délicieusement enchanteurs. (Jérôme Angouillant)
|