Johann Sebastian Bach (1685-1750)
L'Offrande musicale, BWV 1079

Orchestre Symphonique de la radio de Berlin
Hermann Scherchen, direction

Nonobstant l'étrange illustration de pochette montrant un agneau blanc (pascal ?) et le nom de Bach en points cardinaux, on est satisfait de voir reparue la version du Musikalische Opfer par Hermann Scherchen (déjà publiée sous le label Archipel). Poursuivant une quête du contrepoint à partir d'un thème, Bach compose une série de canons agrémentés d'une fugue, de deux ricercare ainsi que d'un trio à quatre mouvements. Cette version instrumentée par le suisse Roger Vuataz (lui même compositeur et organiste) utilise jusqu'à 6 instruments, utilisant cordes et bois (dont un cor anglais). On y entend la volonté pédagogique et démonstrative de Scherchen (et de Vuataz) de faire ressortir le matériau musical en dehors de toute considération historiciste, comme s'ils interprétaient une œuvre contemporaine (à l'exemple de l'adaptation de 1935 de Webern du Ricercar à 6). Les instrumentistes jouent avec respect et sans affectation, détachant chaque note et le timbre de chaque instrument de façon à éclairer à la fois le contrepoint et la sobriété de l'arrangement. A chaque énoncé du thème le violon le hautbois ou le basson) vibrent comme impressionnés par l'enjeu de l'enregistrement. Ensemble, ils tirent sagement le fil du langage musical de Bach, décryptent la partition tout en suivant la battue précise et sans doute intimidante du maestro. Version historique monophonique de 1960 qu'aucun interprète baroque (Gœbel et consorts) nous fera oublier. A garder précieusement dans les incunables de toute discothèque. (Jérôme Angouillant)