Les Six Merci et Adieu Claude Musique française pour clarinette et piano Pires Akimoto

On ne remerciera jamais assez le poète Jean Cocteau (1889-1963) d’avoir insufflé à une génération de six jeunes compositeurs dans les années 1920, l’envie d’emprunter le chemin de la musique française, tracée par leurs illustres prédécesseurs Saint-Saëns ou Debussy pour ne citer qu’eux. Dans le disque hommage que nous propose le talentueux clarinettiste d’origine portugaise Sérgio Pires en duo avec l’aérien pianiste japonais Kosuke Akimoto, cet univers sublimé par le raffinement, la délicatesse, la virtuosité non ostentatoire et les sonorités de velours d’un bois, la clarinette au maigre répertoire, est à l’évidence choyé par le groupe des six. Un demi-siècle traverse le programme, de l’incroyable sonate de Saint-Saëns (1921) à la célébrissime sonate de Poulenc (1962), œuvres testamentaires où nous découvrons un Saint-Saëns presque nonagénaire plus fauréen que jamais et dont la mise en perspective avec l’impressionniste et chaloupée rhapsodie de Debussy (1910) ouvre le chemin des possibles aux sonatines de Honegger (1920) et de Milhaud (1927). Dans cet esprit très français cultivant le goût des atmosphères, la clarinette de Sérgio Pires languit d’une ineffable sensualité, gommant toute aspérité, rapprochant le post-romantisme finissant des accents jazzy années vingt et dessine en cet hommage des Six à Debussy une image pointilliste d’une rare cohérence… Une merveille ! (Florestan de Marucaverde)

In the 19th and 20th centuries, French music achieved a unique profile and was widely acknowledged on the international scene. This success was due, last not least, to symbolic figures such as Camille Saint-Saëns, Claude Debussy, and the “Groupe des Six,” in spite of their divergent aesthetic tendencies. After the French defeat against Germany in 1871, Saint-Saëns became one of the founders of the “Société Nationale de Musique”, with the goal of promoting the French music of his time. Forty years later, the “Groupe des Six” would pursue similar objectives, but with different aesthetic ideals; Saint-Saëns would vehemently reject them. The work’s predominantly Romantic style hardly betrays the fact that Claude Debussy had passed away three years earlier, and that the young composers who made up the “Groupe des Six” were already embarking on completely new musical paths. Still, Saint-Saëns agreed with his younger colleagues about the need of foregoing the monumental bombast and Wagnerian pathos of Late Romantic music. Debussy and the “Groupe des Six” were more decisive and resolute in venturing a step further back in time, past Romanticism, and orienting themselves toward Baroque and Classical models, which led to a flowering of Neo-Classical musical tendencies. With his individual aesthetics, Claude Debussy occupies a special position: he can not be reckoned among any school or group, and he certainly did not like to be called an “Impressionist.” In a certain sense, he is like a monolith“. (From the booklet notes by Pedro Obiera)