John Stanley (1712-1786)
Huit solos pour flûte allemande et basse continue, op. 1
Six solos pour flûte allemande et basse continue, op. 4

Daorsa Dervishi, flûte baroque
Alessia Travaglini, viole de gambe, violoncelle
Nicola Bisotti, clavecin

Charles John Stanley (1712-1786) devint aveugle très jeune à la suite d’un accident domestique, mais ce ne lui interdit pas de poursuivre ses études musicales à Londres auprès de Maurice Greene (1696-1755), organiste de Saint-Paul, devenant en 1729 le plus jeune Bachelor of Music de l’Université d’Oxford. Très proche de Hændel, Stanley était doté d’une mémoire capable de lui faire entièrement diriger après une seule audition des compositions orchestrales ou chorales inédites. En 1799, enfin, il succéda à William Boyce comme Maître de la Chapelle Royale du trône d’Angleterre. Compositeur probablement prolixe, Stanley est peu à peu tombé dans l’oubli la plupart de ses compositions ayant été perdues. Comme l’indiquent les repères chronologiques, Stanley composa majoritairement dans la période de transition menant du style Baroque au style Galant qu’exemplifiait alors à Londres Johann Christian Bach. Les Sonates présentées dans cet enregistrement datent respectivement de 1740 et 1745. Celles de l’opus 1, à l’exception de la seconde, sont en quatre mouvements. Celles de l’opus 4 comportent trois sonates en trois mouvements. Toutes offrent une relation perceptible au monde de la dance avec ses menuets, gavottes, gigues ou siciliennes qui tempère sensiblement l’austérité et la rigueur du genre de la sonate d’église en l’inclinant vers les charmes de la sonate de chambre que le XVIIIe siècle va progressivement privilégier, les Sonates d’église de Mozart (1772-1780) en un seul mouvement, glissé entre l’épître et l’Évangile, étant une exception tardive du premier style. L’interprétation de ces œuvres négligées pendant près de trois siècles requiert beaucoup d’intelligence de la part des instrumentistes pour que le résultat d’ensemble ne laisse poindre une certaine monotonie. Les interprètes réunis pour l’occasion n’en manquent pas, loin de là, et nous proposent ici des lectures alertes et vivantes de ces pièces à découvrir, dont une des caractéristiques principales, et, si j’ose dire, essentielles, est de constituer pour chacune un univers bien distinct et formellement parfaitement construit d’émotions contrastées. Le pedigree de chacun des jeunes interprètes de ce disque témoigne de la qualité des enseignements qu’ils ont reçus de maîtres tels que Barthold Kuijken, Mariane Muller, Christophe Coin, Christophe Rousset, mais aussi, et c’est cela qui est intéressant et attirant des fruits qu’ils ont su en tirer. Un compositeur oublié, des œuvres largement négligées, des interprètes engagés, tels sont les ingrédients d’une réussite discographique enchantant les auditeurs appréciant cette période de transition. (Jacques-Philippe Saint-Gerand)

A first on record: two sets of sonatas by an English contemporary of Handel and Johann Christian Bach, painting a lively portrait of chamber music in London during the middle of the 18th century. John Stanley (1712-1786) was a Londoner, active there as a musician and composer his whole life. He composed during the period in transition from the high Baroque to the bold new Galant style exemplified in London in the works of Johann Christian Bach, the youngest son of JS Bach. Though almost blind from childhood, he graduated from Oxford at the age of 17, and five years later became organist at the Inner Temple Church, a post he kept until his death. His first published collection of original works was issued in 1740, as eight Sonatas Op.1 for flute or violin and harpsichord. All the sonatas in this collection, apart from the last one, begin with a slow movement and end with a dance movement. In following this Baroque form, Stanley achieves an attractive synthesis between the austere style of the church sonata with that of the more sensual style of chamber sonata. Handel acted as both friend and mentor to Stanley, and this relationship bears fruit in the lively dialogue between melody and accompanying voices. On this recording the continuo is expanded in 18th century style by adding a string bass to the harpsichord, infusing the soundworld with variety and richness of timbre. The later Op.4 collection of six sonatas was published five years later, in 1745. Accordingly it incorporates more up-to-date elements of the galant style in which contrapuntal imitation and dialogue is replaced by a more marked distinction between an increasingly virtuosic approach to the melodic voice and a supportive accompaniment, so that the flautist is set to work with every melodic artifice: scales, arpeggios, jumps, ornamentation. Stanley’s invention is the mark of a spontaneous, individual yet immaculately crafted voice which encompasses both a simple, sober style and a more sensual style where counterpoint and dance live together naturally. The harpsichordist Nicola Bisotti supplies a detailed introduction to these charming works in the booklet essay. For the recording he is joined by the Albanian flautist Daorsa Dervishi, a founder-member of the Albanian Baroque Ensemble which has done groundbreaking work in advancing the culture of historically informed performance in her country.