 Issu d’une famille de musiciens (Benda / Brixi) Georg Anton Benda est né en Bohème en 1722. Violoniste, il intègre la cour de Frédéric II de Prusse rejoignant à Postdam son frère Franz, les frères Graun, Shaffrath et Janitsch. Il est nommé second violon de l’orchestre jusqu’en 1749 puis Maître de Chapelle au service de Frédéric III. Entre-temps un séjour en Italie lui donne l’occasion de se familiariser avec l’univers de l’opéra. Il doit son succès à ses opéras et ses mélodrames. Son "Médée" créé à Mannheim en 1778 fit grande impression à Mozart. Il écrivit aussi pour le clavecin des Sonates et des Concertos. Dans le cadre de la série "The Classical Piano Concerto" du label Hypérion, Le pianiste Howard Shelley en a choisi quatre. Leurs atmosphères dramatiques et leurs climats contrastés les rapprochent de l’empfindsamer stil de l’école d’Allemagne du Nord, style que l’on retrouve notamment chez C.P.E. Bach. Benda n’a pas le génie idiosyncrasique de ce dernier mais il illustre parfaitement le passage entre les ères baroque et classique. Ces Concertos sont d’une grande variété de ton et d’humeur. Benda affectionne ici les tonalités mineures. Imprévisibilité rythmique, cordes en sourdine (Larghetto) et galop final dans le Fa mineur, charme et joie de vivre pour le Sol mineur même si globalement les mouvements médians distillent une doucereuse mélancolie. Si le Sol majeur est d’une facture plus traditionnelle, le Si mineur est d’un intérêt remarquable, sa forme et son invention thématique évoquent les concertos de Haydn. Sur un piano moderne, Howard Shelley aborde ses merveilleuses partitions avec son élégance coutumière, secondé par de formidables London Mozart Players. Il est l’auteur des cadences de trois des concertos. (Jérôme Angouillant)  Réjouissant Howard Shelley ! Son répertoire est proprement étourdissant et ce musicien aux goûts particulièrement sûrs, sait choisir les œuvres qui méritent d’être mieux connues. C’est le cas de la musique de Georg Benda, plus réputé pour ses opéras que ses pièces pour clavier. Il est vrai que ce compositeur et violoniste originaire de Bohême vécut dans l’Europe des Bach, Vivaldi, Haendel, Couperin et Albinoni… Pour le clavier, il laissa à la postérité, seize sonates et dix concertos. Les quatre opus que nous entendons séduisent par le mélange des influences. Carl-Philip-Emanuel Bach, assurément, a marqué de son empreinte cette musique, mais aussi les italiens (les finales des concertos), sans oublier Haendel et Mozart. Nous sommes ici, et tout particulièrement dans les mouvements lents, entre la fin extrême du baroque et l’exploration de ce que l’on nomme le classicisme. Il est parfois difficile de dater certaines pages de cette musique, d’autant plus qu’Howard Shelley – et on ne peut que lui donner raison – jour sur un Steinway moderne. Est-ce un dévoiement en regard du style des œuvres ? La question se pose inévitablement quand on aborde la notion, toute relative, d’authenticité. Ecoutons simplement la sincérité de cette musique et des interprètes, les London Mozart Players possédant des couleurs bien moins sèches et décapées qu’on ne le pensait. Voilà une musique est donc bien davantage que “décorative” : elle est inspirée, variée, solidement orchestrée et le talent des interprètes fait le reste. Une belle découverte! (Jean Dandrésy)

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