 Un jour que je dînais au restaurant communal de Morges avec Heinrich Sutermeister, je lui demandais si son Requiem n’avait jamais été enregistré. « Pour la RAI, par Karajan » me répondit-il dans un sourire. Ce ne devait pas être pour m’étonner, la création prestigieuse de son Romeo und Julia avec Cebotari et Böhm avait lancé sa carrière, alors le Requiem par Karajan était une évidence, pour lui en tous cas. Cette bande mythique, la voici enfin éditée correctement. Elisabeth Schwarzkopf avait appris la partie de soprano, elle était toujours plus libre hors des pays de langue allemande pour aborder des répertoires rares, un Luonotar à Helsinki, un Psaume de Schmitt à Paris (remplaçant in extremis pour Markevitch Denise Duval) le prouvent. Et puis en Italie elle osait pour Karajan des expériences dont sa stupéfiante Mélisande ne fut pas la moindre. C’est d’abord pour elle que l’on entendra cet admirable Requiem enténébré dont elle prie le Dies Irae en tragédienne, moment si émouvant, mais aussi pour l’œuvre elle-même qui est une des toutes grandes partitions sacrées du XXe Siècle que je désespère de voir enregistrer dans les conditions techniques d’aujourd’hui. Les deux autres œuvres prises dans les mêmes premières années cinquante montrent combien le jeune Karajan savait être aventureux, imposant les orages de la Première Symphonie de Walton à une formation qui pouvait les craindre (et quel sens des atmosphères il y met !), raffinant le ton élégiaque de la Musica da Concerto de Ghedini où l’alto de Bruno Giuranna enténèbre un thrène, autre concerto funèbre qu’on devrait voisiner avec celui d’Hartmann. Dix ans plus tard, Antifone de Henze résonne dans les somptuosité des Berliner Philharmoniker comme un Klimt en musique, coda abstraite, apposée à coup de feuilles d’or sur les divagations de la Seconde Ecole de Vienne. Mais c’est déjà un tout autre monde, et un tout autre Karajan… (Jean-Charles Hoffelé)  Herbert von Karajan's discography, with a thousand of studio recordings from 1938 to 1989, is by far the largest in the history. The Maestro has recorded a group of composers several times, such as Beethoven, Brahms, Tchaikovsky and many others. Karajan started from the 78 rpm and arrived to the digital and video, passing through the European musical repertoire of at least 3 centuries and through all possible genres, from Baroque to Italian melodrama. Publishing something which does not somehow repeat one of the many titles recorded by the Maestro may seem impossible. However these 2 CDs offer the only works never recorded oficially by the Maestro and never published with the sound quality of these documents. These are unpublished works that Karajan has never taken up again and are related to the period of his collaboration with the RAI Orchestra, except for a very rare work recorded in Berlin.
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