Georg Friedrich Haendel (1685-1759)
Suite IV en mi mineur, HWV 429 (arr. de G. Muffat)
Suite V en mi majeur, HWV 430 (arr. de G. Muffat)

Gottlieb Muffat (1690-1770)
Chaconne en sol majeur
Suite III en ré majeur

Flora Fabri, clavecin

S’il semble que Gottlieb Muffat et Haendel ne se croisèrent jamais, il est par contre avéré que les duels/concerts entre deux musiciens étaient monnaie assez courante. La claveciniste hongroise Flóra Fábri s’est plu à imaginer une rencontre entre ces deux compositeurs, du moins par partitions interposées : en effet, l’un et l’autre se copièrent et réalisèrent chacun des "versions" personnelles de leur collègue, sans "autorisation" préalable : d’une part la question de droits d’auteurs ne se posait pas, et d’autre part ces usurpations d’identité étaient plutôt considérées comme des hommages rendus. Il n’y a donc pas lieu de s’en étonner. Moins célèbre que le germano-britannique Haendel, l’autrichien Gottlieb Muffat admirait ce dernier et n’hésita pas à reprendre ses huit suites pour clavecin de 1720 pour les adapter selon son goût, mais en inscrivant en lettres calligraphiées le nom de leur créateur, tandis que Haendel, lui, copia des partitions de Muffat en y ajoutant ses propres ornements, sans le préciser le moins du monde ! Que dire de ce programme et de l’interprétation par Flóra Fábri ? Premièrement l’idée de base est séduisante. Ensuite, si les mouvements vifs dénotent une fougue juvénile typique, les mouvements lents sont empreints d’une exquise poésie, notamment l’Allemande de la Suite en Mi mineur de Haendel et la Sarabande de la Suite en Ré majeur de Muffat. En résumé, ce CD hors des sentiers battus est le bienvenu. (Jean-Paul Lécot)

On her solo debut CD, Muffat Meets Handel, the successful young harpsichordist Flóra Fábri performs harpsichord pieces by precisely these two composers. Although the dates of the two musicians overlap for a period of almost seventy years, the same thing happened in this case as with many of Handel’s contemporaries: the two never met personally. However, unlike Bach and Mattheson, here musical awareness of the other did not operate in accordance with a »one-way-street principle«: it was not only Muffat who admired Handel and arranged his music; the process also functioned the other way around. In contrast to Handel’s Muffat arrangements, in his Handel arrangements Gottlieb Muffat dealt much more gently with the originals and left many parameters unchanged. Something like a relationship of »soul mates« can be detected in their mutual inclination to arrange each other’s works. This in turn forms the essential prerequisite for the dialogue of minds on which the program on this CD draws: the adventure of a conversation between two exceptional musical talents without the use of language, without any direct physical contact, and over a distance of at least 1,593 kilometers (as the crow flies). It is first when the creative production of the one flows into the other’s work that it has the chance to grow beyond itself.