L’histoire est connue : Graupner devait prendre le poste de Cantor de Leipzig, mais le Landgrave de Darmstadt ne le laissa pas partir, lui réglant les honoraires en souffrance et augmentant ses émoluments. Le musicien écrivit aux édiles de Leipzig, louangeant les talents d’organistes du jeune Bach, emportant la décision du conseil. Bach aimait ses œuvres, Graupner occupait d’ailleurs une place centrale dans la vie musicale allemande, célébré pour ses opéras fastueux écrits pour Hambourg, qui n’avaient pu faire oublier la profondeur de ses musiques religieuses, l’invention de ses Suites instrumentales, un autre Telemann en somme. Au centre de cette efflorescence si diverse, une œuvre pour le clavecin dont les dimensions égalent celles de Bach, où Graupner au long d’une théorie de Partitas brillantes effectue une synthèse virtuose des styles italiens et français, mariant danses et pièces savantes, avouant un gout pour les variations, le tout emporté par une invention mélodique qui le caractérise parmi les musiciens de son temps. Pour faire chanter ce clavecin aussi brillant qu’attachant, Fernando de Luca alterne deux instruments très différents qui varient les éclairages, un admirable Caponi d’après Blanchet dont les deux claviers dispensent des couleurs orchestrales, et le plus roide Ciocca d’après Christian Vater dont la sonorité cernée illustre bien les saveurs typiques des clavecins allemands. L’ensemble réserve quantité de surprises, je reste stupéfait devant la qualité et l’invention de ces partitions de première force dont Geneviève Soly s’était faite l’avocate. Pour l’intégrale Fernando de Luca lui vole la politesse, avec autant de poésie que de brio, consacrera-t-il son art à nous révéler demain l’intégrale des œuvres de clavecin de l’autre grand maître du genre, Johann Kaspar Fischer ? (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Originaire de la petite ville saxonne de Kirchberg, Christoph Graupner est l’un des compositeurs allemands majeurs en son temps même si son travail est aujourd’hui tombé dans un relatif anonymat en raison d'une combinaison de circonstances malheureuses. Etudiant en droit à l’Université de Leipzig, il débute tout d’abord sa formation musicale auprès de Schelle puis parachève son apprentissage sous la direction de Kuhnau qui le considère comme son plus talentueux disciple. Après 10 années et plusieurs postes à Hambourg, il quitte la cité hanséatique en 1710 pour Darmstadt. Il passe près de 50 ans de sa vie à la Cour de la ville où il officie dès 1711 en qualité de Hoffkapellmeister. Il compte alors parmi ses amis et admirateurs des musiciens de renom tels que Telemann, Mattheson ou Fasch, qui fût également son élève. Préféré à Bach comme Kantor à Leipzig, il reste fidèle à Darmstadt, et occupe ses fonctions jusqu'à sa mort en 1760. Claveciniste virtuose, une partie importante de son œuvre est dédiée à l’instrument auquel il consacre de nombreuses partitions. Même s’il suit certaines formes traditionnelles (Partitas), son influence dans le développement du clavecin est capitale : il élabore les contours et les lignes de la Courante ou de la Sarabande, transformant même la Gigue en une pièce de caractère. Grand spécialiste des musiques baroques, le claveciniste italien Fernando de Luca s’emploie brillamment à faire revivre sous ses doigts experts, et avec toute la verve qui le distingue des pages longtemps oubliées mais indispensables à connaître pour tout amateur de clavecin. Making his Brilliant Classics debut, one of Italy’s most accomplished harpsichordists, in the music of a composer fast making up for centuries of neglect as one of Bach’s most original and gifted contemporaries. Fernando de Luca has recorded Baroque music both canonic (the Well-Tempered Clavier, Scarlatti sonatas, Rameau suites) and obscure (John Sheales, Christophe Noblet, Charles Moyreau) for a variety of early-music specialist labels. Now in newly released recordings made for Brilliant Classics in 2012-19, he presents the harpsichord music of Christoph Graupner (1683-1760). Hitherto known if at all as the most talented of Johann Kuhnau’s pupils, who had been hired by the Town Council of Leipzig to replace his late teacher as Cantor in 1723 before withdrawing his application and remaining in post in Darmstadt – thus clearing the way for the post to be grudgingly offered to one Johann Sebastian Bach – Graupner was renowned in his day for his gifts as a harpsichordist, much as Bach was known for his prowess at the organ. He advanced technical innovations with his first published set of Partitas in 1718. Another set of suites followed in 1722, and in 1733 he began publication of a series of partitas callet The Four Seasons, but either he never pursued the enterprise beyond ‘Winter’, or the others have been lost, like so much else of Graupner’s music. However, he continued writing dance-themed partitas into the 1750s. The ‘Monthly Keyboard Fruits’ of 1722 are structured as a musical diary like Tchaikovsky’s Seasons. A different dance suite describes each month, and Graupner allows himself some freedom with the Preludes which draw the curtain on the suites. July’s Prelude is like an invention, while August’s is structured like a concerto movement. The stylishly disciplined imagination on show in this collection makes it a notable forerunner to the six Partitas composed by Bach during the second half of the 1720s. This is the most complete set of Graupner’s harpsichord music on record; the only one available at budget price; and a major new addition to the discography of Baroque keyboard literature.
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