Giovanni Battista Bononcini (1670-1747)
Astarto, drame musical en 3 actes

Dara Savinova, mezzo-soprano (Elisa)
Francesco Ascioti, alto (Clearco)
Theodora Raftis, soprano (Sidonia)
Paola Valentina Molinari, soprano (Nino)
Ana Maria Lubin, soprano (Agenore)
Luigi De Donato, basse (Fenicio)
Enea Barock Orchestra
Stefano Montanari, direction

Au début de l’acte trois le claveciniste introduit la première scène en improvisant un petit foxtrot. J’en vois déjà qui haussent les épaules. Stefano Montanari s’est audiblement régalé avec l’ouvrage aussi somptueux que plein de fantaisie retroussé par Bononcini d’après un opéra antérieur pour honorer en un temps record une commande de la scène londonienne. Le temps serait-il enfin venu de rendre justice au rival malheureux de Haendel, maitre brillant d’un art lyrique qu’il porta lui aussi au pinacle de son époque. Le succès stupéfiant d’"Astarto" dû beaucoup à la présence de Senesino pour lequel Bononcini étendit et renforça de traits virtuoses le rôle de Clearo. Francesca Ascioti y déçoit, visiblement effrayée par un rôle où j’aurais aimé entendre un Jeffrey Gall , ce sera le seul bémol d’une distribution qui emporte le chef d’œuvre de Bononcini dans une folle urgence dramatique, Stefano Montanari distillant tour à tour brio et poésie, soignant les tensions et les détentes, entourant chaque chanteurs, tous aidés par la scène pour incarner des personnages saisissant. Dara Savinova est étonnante par la beauté des lignes expressives qu’elle prête à Elisa, écoutez comme elle fait entendre déjà un peu de Mozart dans les quelques mots que lui écrit quasi-parlando Bononcini en prélude de ses airs : Coglieri la bella rosa est d’une telle inspiration. Virtuose incandescente, Ana Maria Labin emporte les errements amoureux d’Agenore, Paola Valentina Molinari émeut en Nino, comme la Sidonia si bien chantante de Theodora Raftis, tous rendent justice à cette perle de l’Opéra Baroque enfin retrouvée, en espérant qu’à Innsbruck Stefano Montanari et ses chanteurs poursuivent l’exhumation des opéras de Bononcini : Farnace pourrait-être une bonne pioche. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

That Elisa, Queen of Tyre, wishes to marry her beloved naval hero Clearco to protect him from Astarto—the son of the rightful ruler whom Elisa's father killed—sounds manageable enough. That the chosen bridegroom and the opera's title character are identical makes matters considerably more complicated. These baroque entanglements resolve themselves only through protracted, labyrinthine intrigues, seething jealous outbursts, ingenious document forgeries, and perilous conspiracies. The question, however, of why Giovanni Bononcini, the work's composer, was regarded in his time as the very embodiment of grace, and why he was considered Handel's most dangerous adversary on London's stages—this question was answered swiftly and convincingly at the 2022 Innsbruck Festival: he could pull every emotional register for which audiences storm(ed) the opera houses.