Dvorák Trios pour piano n 3 et 4 Orelon Trio - CPO555688 - Petits prix - par CPO

La musique de chambre de Dvorak, et donc les trios pour piano et cordes, est un répertoire où l’on peut avoir tendance à préférer a priori des interprétations par des musiciens d’origine tchèque (comme le Trio Smetana ou le Trio Suk) même si bien d’autres les ont enregistrés (du Beaux-Arts Trio au Trio Wanderer, entre autres). Abandonnons donc les a priori pour découvrir l’enregistrement de cette jeune formation qui nous propose les deux trios les plus connus de Dvorak, l’opus 65 (le 3e trio du compositeur) et surtout le célèbre trio "Dumky". Ce dernier est le plus souvent joué et enregistré, souvent couplé avec le trio de Smetana. Un peu plus de sept années séparent les deux opus, créés respectivement en 1883 et 1891. Entre-temps Dvorak a écrit et créé le magnifique quintette avec piano en la majeur (opus 81), un quatuor avec piano (l’opus 47) mais aussi le 2e cahier des danses slaves, les 7e et 8e symphonies et le Requiem. Le trio Orelon se saisit de ces partitions sans chercher à "faire tchèque" à tout prix. Certains pourront le regretter mais cela permet aussi de redécouvrir ses deux œuvres et leur écriture. L’opus 65 est parfois considéré comme très (trop) influencé par Brahms, mais le trio Orelon fait surtout résonner un climat et des couleurs propres à Dvorak, sans les surjouer, et ce trio apparaît comme une œuvre qui tout en étant "bien de son temps", inscrite dans la tradition, fait aussi entendre la voix originale du compositeur. Le "Dumky" est sans nul doute une œuvre plus singulière qui abandonne la forme habituelle pour enchaîner six dumky (pluriel de "dumka"), jouant pleinement de leur caractère mélancolique et élégiaque et en contraste avec des épisodes dansants et joyeux. Une liberté dans la forme, mais aussi dans le ton, qui en fait, nous semble-t-il, une œuvre à la fois ancrée dans la tradition populaire et ouverte à une modernité expressive. Le compositeur à alors 50 ans et est à la veille de son séjour américain où sa musique s’affirmera à nouveau singulière et hors des sentiers battus. C’est cette veine, cette face de l’œuvre, que le trio Orelon a choisi de mettre en avant, adoptant un phrasé et des tempi (plutôt plus lents, mais pas toujours) qui mettent cette modernité en avant. (Marc Ossorguine)

Anyone who has survived the cursed seventh year may hope for a rosy future. The Orelon Trio, founded in Cologne in 2018, has just crossed this significant threshold—though its members Judith Stapf (violin), Arnau Rovira i Bascompte (cello), and Marco Sanna (piano) never had to find their footing together: within a short time, these "meteoric risers" made a name for themselves, quickly guest-performing at renowned venues; high-caliber competition successes followed naturally (ARD, Melbourne, Graz), their first recordings and enthusiastic response from professional circles were not long in coming. How could it be otherwise, when the three musicians' "oreloj" (Esperanto for: ears) are so excellently attuned that they can perceive unheard-of things even in familiar repertoire. This first cpo release by the Orelon Trio leaves no doubt about that.