Bien qu'appartenant à la Génération de 1880 qui rassemble les musiciens néoclassiques italiens Alfano, Casella, Pizzetti, Respighi..., Malipiero suit un parcours plus singulier : rapidement affranchi du post-romantisme, rejetant tout développement thématique au profit d'une expression libre, fantasque, voire burlesque, il est influencé par Debussy auquel il emprunte les subtils effets de couleurs et d'éclairage, la liberté rythmique et le goût de la concision. Au fil des années, la mélodie demeure mais les couleurs et la sensualité des premières compositions s'estompent, les tonalités se dissolvent, l'écriture se simplifie, devenant plus austère sans toutefois jamais devenir strictement sérielle. Ce musicologue passionné (il éditera les œuvres complètes de Monteverdi) et pédagogue émérite (Luigi Nono, Bruno Maderna seront ses élèves) laisse une œuvre abondante et variée au sein de laquelle le piano occupe une place restreinte mais qualitative. Partition de jeunesse, l'attachant triptyque Bizzarrie Luminose déploie de belles sonorités impressionnistes ; les Impressioni (1914) pourtant archaïsants affichent déjà une forme plus libre, et Armenia (1918) nous émeut par son chant nostalgique et désabusé. Solaire et insouciante, La Siesta (1920) constitue un exact contrepoint au sinistre et angoissé Tarlo (1922), tandis que l'exigeant recueil Hortus Conclusus (1946) illustre le style tardif de Malipiero. Outre l'interprétation soignée et rigoureuse de l'excellente Sabrina Alberti, cet album a l'immense mérite d'étoffer la maigre discographie de l'un des plus grands compositeurs italiens du vingtième siècle. (Alexis Brodsky) Gian Francesco Malipiero (1882-1973), was one of the most creative Italian composers within the so called “Generazione dell’Ottanta” (Generation of the Eighties). Student at the Marco Enrico Bossi Liceo Musicale of Bologna, he began self-taught, studying the Italian masters of the seventeenth and eighteenth centuries. In 1908 he perfected at the Hochschule in Berlin and later came into contact with the cultural environment in Paris meeting Alfredo Casella, Maurice Ravel and Gabriele D’Annunzio. He devoted the next 50 years of his life to teaching and composition. The piano pieces presented here give us an idea of his great spirit of creative innovation that, with the basics well anchored in the musical tradition (in fact Malipiero took care of the publication of the complete works of Claudio Monteverdi and Antonio Vivaldi), he was able to give new life to the writing of chamber and symphonic music that in those days was painfully resuming his way after the dominance of the rampant Italian melodrama. Today we discover these beautiful pages thanks to the piano by Sabrina Alberti, great and sensitive interpreter, highly specialized in the repertoire of this historical period.
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