 Charles Quint, originaire de Gand, et y revenant souvent, avait pu apprécier les musiciens des bas pays flamands. Devenu roi d'Espagne et empereur, il en fit venir à Madrid les meilleurs pour constituer la Capilla flamenca. Lors de sa renonciation au trône, en 1556, il demanda à son fils Philippe II de maintenir « sans le diminuer » cet ensemble. C'était une question de prestige : il fallait que la cour impériale recrute continument les meilleurs musiciens d'Europe, qui ne pouvaient venir que de Soignies (Hainaut), d'Arras, de Béthune ou d'Anvers. C'est ainsi qu'à la tête de la Capilla flamenca se sont succédé, entre autres, Nicolas Payen, Pierre de Manchicourt, Georges de la Hèle et Philippe Rougier. L'austère religion de Philippe II a fait le reste, et a été à l'origine d'une « école espagnole » au sein de cette polyphonie franco-flamande qui a dominé le seizième siècle européen. Souvent les messes écrites par ces compositeurs, comme la "Missa Praeter rerum seriem" de Manchicourt, étaient des parodies de motets célèbres, de Josquin en l'occurence. L'ensemble vocal El Leôn de Oro, fondé en 1997 dans les Asturies par un petit groupe d'amis, nous restitue aujourd'hui, sous la direction de Marco Antonio Garcia de Paz, ces œuvres religieuses, dans toute leur austère et majestueuse beauté. (Marc Galand)

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