Friedrich Theodor Fröhlich (1803-1836)
Lieder am Meieli
Wonne der Einsamkeit
Hyperions Schicksalslied
Rüccehr in die Heimat
Ihr Heimatfluren

Raphael Höhn, ténor
Shin Hwang, pianoforte

Voilà un compositeur suisse qui mérite bien une exhumation. Né en 1803, Friedrich Theodor Fröhlich se destinait à être juriste pour satisfaire le désir de son père écrivain versé dans la politique. La maladie l’en empêche et il part finalement à Berlin suivre des études musicales auprès de Zelter. De retour en Suisse il vit grâce à l’enseignement même s’il prend sporadiquement la direction des chœurs de la région. Des problèmes financiers et sentimentaux le conduisent hélas à la dépression et au suicide. En 1836, à 33 ans (!), il se jette dans l’Aar le fleuve qui traverse Berne. Un vrai destin romantique alla Schumann. La plupart de ses compositions ont disparu reste quelques cycles de lieder dont celui-ci enregistré ici en première mondiale par le ténor Raphael Höhn et le pianiste Shin Hwang. Le cycle "Lieder an meieli" (1827) basé sur des textes du poète Hoffman von Fallersleben évoque la quête du protagoniste de retrouver la paix du foyer (Heimat) à travers le regard de la bien-aimée. On notera l’exubérance de la partie de piano ici parfaitement rendue par le pianoforte et une certaine virtuosité du chant, tendue comme une peau de tambour, que le timbre raide du ténor ne parvient pas vraiment à restituer. Le long poème de Tieck "Wonne der Einsamkeit" célèbre le bonheur de la solitude. La musique bruissante et tendre s’y love comme un chat dans une alcôve. D’un degré autre, les deux lieder d’après Hölderlin offrent un panel d’émotions opposées, de la nostalgie à la fierté. Contraste aussi musical entre la pompe du piano et la vocalité érectile ("Hyperions Schicksalslied"). Le programme se termine par un air et récitatif assez proche d’un mélodrame, là aussi guidé majoritairement par le pianoforte. De belles pages mais qui mériterait un chanteur plus chevronné. On rêve d’y entendre Christian Gerhaher. (Jérôme Angouillant)