 Le passage de la polyphonie a cappella à la monodie accompagnée, qui s’est amorcé en Italie autour de 1600 dans la musique profane, a été plus tardif dans la musique d’église, malgré les préconisations du Concile de Trente, qui visaient à une plus grande accessibilité et intelligibilité des textes sacrés. Simultanément, la tonalité tendait à supplanter la modalité. C’est ce passage d’une esthétique musicale à une autre que nous retrace cet album, avec des morceaux de compositeurs franciscains des XVIIème et XVIIIème siècles. Des compositeurs ici présentés, Girolamo Ferrari (1600- 1664), Felice Antonio Arconati (1610 ?- 1679 ?), Francesco Maria Zuccari (1694-1788), tous inédits au disque, le moins méconnu est sans doute Francesco Antonio Calegari (1656-1742), en raison de son influent traité d’harmonie. Lui s’est formé à la musique dans un milieu imprégné de l’héritage montéverdien, mais il a influencé Alessandro Scarlatti, et Haendel lui a emprunté de nombreux thèmes musicaux : Francisco Antonio Urio (Milan ? 1650- 1719 ?), autre moine franciscain, a officié comme maître de chapelle dans de nombreuses villes d’Italie du nord et à Rome. Ce CD nous offre un recueil de ses « Salmi Concertati », publié en 1697, entrelacés de morceaux instrumentaux des autres susnommés. Les morceaux à 3 voix d’Urio, d’une grande qualité mélodique, sont encore marqués par l ‘héritage de la musique sacrée du dernier Monteverdi, mais Urio l’enrichit par des accord imparfaits, de la fantaisie, un sens marqué du dialogue entre les solistes et les violons. Est-ce la qualité de l’écriture contrapuntique, ou la mise en valeur des voix (superbes) ? A l’écoute de cette œuvre, qui garde un pied dans le XVIIème finissant, c’est bien souvent (le Magnificat !) Jean-Sébastien Bach que l’on se surprend à évoquer. Une belle redécouverte donc d’une période charnière et méconnue de l’histoire de la musique sacrée. (Marc Galand) In seventeenth-century church music, features of the Renaissance tradition (polyphony, modality) coexisted with elements of Baroque innovation (harmony, tonality) and merged into the concertato style. The Salmi Concertati op. II by Father Francesco Antonio Urio included in this Vespers dedicated to the Virgin, follow this transformation with full rights. The Vesprus, here in its fi rst modern performance ever, shows vocal pieces for three voices of rare melodic quality where the imitative style, the counter-point, the modal harmony, the numerous tempo changes, the various melismata and a number of diminutions reveal remarkable compositional ability. Francesco Antonio Urio was born in Milan around 1650 and passed away after 1719 (Biographical Dictionary of Italians, edited by I. Bettin). His was a life in progress, as it was often the case for Franciscan musicians. He was a novice in Assisi in 1666 (he is known to have corresponded with Vitaliano Borromeo, a noble and appreciated Milanese patron-scholar of the period) and master of the chapel in various Italian cities over the years, including Spello, Urbino, Spoleto, Assisi, Rome, Venice, Turin, Milan. His stays were short initially, then in Assisi he was appointed several times over the years, a tangible sign of his recognized mastery.
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