 On sait peu de chose sur Emanuel Siprutini. Son nom même, incertain, serait une italianisation de son nom de naissance. Il est né dans une famille juive des Pays-Bas, vers 1720. Il a sans doute voyagé en Italie et en Espagne. A la recherche d'une nation accueillante pour sa communauté, il a émigré à Londres en 1756. Il y exerçait les deux professions de marchand de vin et de violoncelliste. Ce qu'on sait plus sûrement, c'est que lors d'un séjour à Londres en 1764, Léopold Mozart, accompagné du tout jeune Wolfgang, l'entendit jouer ses compositions. Saisi d'une admiration prosélyte, Leopold tenta vainement de le convertir au catholicisme. Ses partitions figuraient dans la bibliothèque des Mozart. Mais son œuvre mérite d'être appréciée pour elle-même, autrement que comme une des sources possibles de l'inspiration du jeune Mozart. Ces sonates pour violoncelle se rattachent moins au style galant dominant alors qu'aux prémices du "Sturm und Drang" : On y entend de brûlants accents élégiaques, des invocations émues, des souvenirs douloureux, des mouvements de colère suivis de phrases très douces, de l'énergie vitale, de la fierté, et des évocations de danses populaires. Claudio Renco, l'un des deux talentueux interprètes, avec Emanuela Vozza, de cet album, se demandait ce qui, dans une musique, pouvait la caractériser comme juive, indépendamment de tout texte biblique. Il en vient à considérer l'écrit musical comme le corps d'un organisme vivant qui, en traduisant en sons le tissu de signes qui le compose, révêle son âme. Citant le livre du Zohar : "Le sens secret qui est à la base de tout texte écrit". Voici un album très attachant, tant par la beauté pré-romantique de ses mélodies, que par la qualité, toute en intériorité, de l’interprétation. (Marc Galand)  Of the birth and studies of Emanuel Siprutini we know nothing, except that the Italianization of his Hebrew name, Shiprut, would seem to indicate, if anything, the belonging to an italian school and style, if only for convenience (Italian cellists were the most appreciated). Around 1750 there are records of his concerts in Holland, where he was also active as a wine merchant, and few years later he settled in London as a concert performer and cello teacher. Leopold Mozart met him in 1764 while visiting England, and struck by his talent tried to convince him to convert to Christianity. Emanuel refused and remained serenely Jewish, cellist and wine trader. He left seven books of sonatas for the cello, which the Mozarts certainly possessed, as is to be believed, fi nding traces and shreds of ideas in the works of Wolfgang.
|