Une découverte : les œuvres pour piano de celui que le grand pianiste Antón Rubinstein surnommait “mon noble ami aztèque”. Le pianiste d’origine polonaise Jozef Olechowski se fait le chantre de cette musique salonnarde mais très attachante. Voilà des pièces de genre, des pièces de salon réunies en deux CD séparés. Comme la plupart des musiciens d’Amérique du Sud, Ernesto Elorduy étudia d’abord en Europe (aidé, il est vrai, par l’héritage d’une fortune considérable), fréquentant le conservatoire de Hambourg qui accueillait à cette époque, Clara Schumann, Anton Rubinstein, Carl Reinecke… Il visita de nombreux pays jusqu’en Turquie et les cultures d’Europe centrale eurent une grande influence sur ses compositions. En témoigne, par exemple, la "Serenata arabe". Parallèlement à sa passion pour le piano, il mena une carrière de diplomate, nommé consul en France et en Espagne. De retour dans son pays, il enseigna au Conservatoire de Mexico. Son œuvre importante a été récemment éditée, comprenant outre des pièces pour le piano, des partitions symphoniques, des mélodies, un opéra… Les danses les plus diverses – une quarantaine en tout dans les deux albums – présentent un catalogue des plus charmants. Jozef Olechowski les interprète comme des bluettes, parfois bien difficiles sur le plan technique, associant nocturnes, mazurkas, polonaises et romances. Elles se nourrissent de rythmes mexicains quand les effluves des harmonies espagnoles pressentant Granados ou bien des Balkans ne viennent pas les enrichir davantage. On privilégiera le second volume avec des pièces plus marquantes comme les délicieux "Caprichosas" et "Jugetonas". Une jolie découverte. (Jean Dandrésy) Ernesto Elorduy, né en 1855 dans l’Etat de Zacateas, a reçu une très bonne éducation mais perdit ses parents à l’âge de dix ans. Il décida alors de se perfectionner en tant que pianiste. Il partit avec son frère en Europe où il put étudier l’harmonie et le contrepoint avec Joachim Raff et Clara Schumann, la composition avec Carl Reinecke et le piano avec le grand Anton Rubinstein. Il séjourna par ailleurs à Paris où il se maria avec la fille du Consul Général du Mexique. En 1892, il retourna à Mexico où, dans ses compositions, il essaiera de concilier la subtilité d’un Chopin, les rythmes populaires mexicains et certaines caractéristiques de la musique d’Orient. Sa musique était très admirée de ses contemporains mais aussi de personnalités plus jeunes comme Manuel M. Ponce qui explorera pourtant des chemins tout autres.
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