Enfant prodige pour son malheur, flanqué d’une mère abusive, douée comme peu dans sa génération, Aline van Barentzen avait tout pour être une des pianistes majeures de son temps. Comment expliquer qu’il nous reste si peu de témoignages de sont art ? Son toucher limpide, de très haute école son admirable maintien pianistique lui auront offert une belle carrière des deux côtés de l’atlantique. APR regroupe les premiers 78 tours HMV et pioche dans une partie des microsillons Pathé, omettant les neuf sonates de Beethoven, trois pour le 78 tours, six pour le Long Playing, l’occasion d’un second volume à venir ? L’année s’y prête. Je n’avais pas oublié qu’elle fut la première à enregistrer les Noches de Manuel de Falla, remplaçant au dernier moment Riccardo Vines que Coppola avait engagé mais qui s’était défaussé hélas. Une légende tenace laisse entendre qu’elle aurait assuré le chef d’orchestre et directeur artistique d’HMV France connaitre l’œuvre sur le bout des doigts alors qu’elle n’en avait jamais ouvert la partition. Difficile de le croire tant son jeu semble naturel, très musical, s’enflammant même pour l’épisode gitan de la Sierre de Cordoue, cambrant la stupéfiante saeta comme une cantaora. Mais ce qui surprend le plus dans cette première discographique du chef d’œuvre faussement impressionniste de Falla c’est la qualité de la préparation de l’orchestre. Quel dommage tout de même que nous n’ayons pas eu le piano versicolore de Vines qui avait été travaillé l’œuvre à Grenade avec Falla. Elle est encore plus étonnante dans Andaluza, joué plein d’éclaboussements, avec un panache certain, et plus encore dans A Prolo do bebé dont Heitor Villa-Lobos lui dédia le second livre, où certains trouveront qu’elle calcule trop son art, mais quel art lorsqu’il faut chanter avec le sentiment exact la grande ligne si nostalgique du 5e Choros, où trouver les chemins tortueux de la Fantaisie de Chopin, l’une de ses plus belles gravures. J'admire son Brahms très droit, joué grande école, sur ses Liszt drastiques (la Méphisto Valse cavale) ou étale (un Sospiro jouée sous l’abat-jour), mais la Toccata de Pierre Vellones, compositeur trop oublié sinon par ces pages pour le saxophone, est un de ces petits bijoux espiègle que Poulenc n’eut pas désavoué, et soudain une grande qualité de Barentzen, trop peu illustrée dans ces rares enregistrements, parait : le charme, comme venu d’un autre temps, le charme de sa jeunesse où tout Paris s’enivrait avec Chaminade, révait avec Fauré, et dont ses disques témoignent si peu. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Though born in the USA, Aline van Barentzen (1897-1981) became the youngest student to be accepted by the Paris Conservatoire, aged nine, and went on to win a premier prix aged just twelve. She was to base herself in Paris for the rest of her life, later teaching at her alma mater where her pupils included Jean-Philippe Collard and Cyprien Katsaris. A supreme virtuoso, as can be heard in her Brahms Paganini variations, she worked with many contemporary composers, making this premiere recording of Falla’s Nights in the Gardens of Spain and also recording the complete Prole do bebê of Villa-Lobos – the second book, which she premiered, was dedicated to her.
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