 Des sept compositeurs hollandais du dix-huitième siècle au programme de ce coffret enregistré entre 1991 et 1995 par Jed Wentz et son Musica ad Rhenum, quatre sont de véritables découvertes. Unico Whilelm van Wassenaer et Willem de Fesch ont déjà eu l'honneur du disque. Les Concerti Armonici de Wassenaer, attribués longtemps à Pergolèse, ont été maintes fois enregistrés (Koopman, Goodman et même I Musici et Marriner avant eux). L'oeuvre de De Fesch a été enregistrée plus récemment (L'opéra Joseph en 2000) et un ensemble de concertos brillamment remis à l'honneur par la Sfera Armoniosa (Challenge Classics, 2020). Quant à Pieter Hellendaal dont on connaissait plutôt la musique de chambre, on redécouvre ici ses Concertos pour violons op. 3. Comme le souligne Rudolf Rash dans une notice documentée, la Hollande et notamment Amsterdam furent visitées par nombre de musiciens européens venus d'Italie, de France et d'Allemagne qui contribuèrent largement à l'évolution du style baroque local représenté par les compositeurs cités plus haut mais aussi par de parfaits inconnus : Schickardt, Solnitz, Groneman, Hurlebusch dont les Concertos et Sinfonias témoignent de ce réseau d'influences tout en cultivant une certaine singularité. Rien que pour ceux-là ce coffret est hautement recommandable. On apprécie une nouvelle fois la ferveur, la verdeur et l'élégance de l'interprétation de Jed Wentz et de son Musica ad Rhenum grands connaisseurs et diffuseurs du répertoire baroque européen mais jamais aussi à l'aise que sur leur propre terre. (Jérome Angouillant)  Dans la République des Provinces Unies, la musique n'a jamais eu un essor semblable à celui de la peinture. Tout y favorisait davantage le développement de négociants et d'une bourgeoisie d'affaires que celui d'une aristocratie constituant des cours recrutant musiciens et compositeurs. Détail symptomatique : van Wassenaar, aristocrate, diplomate et compositeur [Cd 2] refusait de signer ses œuvres de peur qu'elles ne compromettent sa carrière politique, son standing, sa notoriété. Le calvinisme n'encourageait pas la pratique musicale, largement réduite à la sphère privée. Mais l'édition musicale était florissante, comme celle des écrits littéraires et philosophiques : la tolérance fit aussi d'Amsterdam un grand foyer culturel européen. Au XVIIIe, les compositeurs néerlandais partirent pour la plupart à l'étranger — surtout en Angleterre. Des compositeurs européens séjournèrent aux Pays Bas, mais peu s'y installèrent en permanence (Locatelli fut la principale exception). Les concertos de Hellendaal (Cd 1) obéissent au modèle corellien du concerto grosso, revu à travers le prisme haendelien — le compositeur fit l'essentiel de sa carrière en Angleterre : 5 mouvements et non 4 (une ouverture servant parfois d'introduction), courts, mono thématiques. Wassenaar (Cd 2) fait appel à un instrumentarium et à des rythmes plus variés. Plus éclectique, moins dépendante des modèles italiens, sa musique est plus intimiste et touchante. De Fesch, (cd 3) violoniste virtuose, fit aussi surtout carrière à Londres. Fidèle au type corellien (concertos n° 1, 2, 3) , il adopte ensuite le modèle vivaldien dans lequel il excelle : remarquables par l'écriture virtuose, déliée, audacieuse qui sollicite tout l'ambitus du violon solo. Les concertos n° 4, 5 et 6 sont à la hauteur des meilleures pages vivaldiennes. Trois compositeurs allemands et un Tchèque ayant séjourné aux Pays Bas dans le cd 4 : géométrie variable chez Schickhardt (effectif instrumental parfois réduit à celui d'une sonate avec b.c. ) , virtuosité époustouflante des solos de flûte chez Groneman (plage 18) . L'écriture relève dans les deux cas d'un style galant tombant parfois dans le bavardage. À l'opposé, grande sobriété et rigueur binaire chez Solniz : plus rien à voir avec le baroque italien, mais style d'Allemagne du Nord, proche d'un C.P.E. Bach. Alors qu'Hurlebusch fait alterner des passages pour violon soliste, et d'autres de type concerto grosso pour instruments à vent. Panorama passionnant, surtout dans les CD 2 et 3. Interprétation aboutie, engagée, d'une grande lisibilité qui révèle un répertoire peu connu en France. (Bertrand Abraham)  The 18th-century Dutch Republic served as a magnet attracting musicians across Europe. It was one of the wealthiest of European countries. Celebrities such as Handel and Mozart may have passed through only briefly, but others such as Locatelli made a permanent home in the republic and introduced many foreign musical languages to local composers. Hence, in this unique collection, we find a remarkable diversity of style, from Wassenaer's post-Corellian concerti grossi to the more galant music of Albertus Groneman. Meanwhile Willem de Fesch and Pieter Hellendaal moved to England and never returned to their homeland. Hellendaal’s ‘grand concertos’ are likewise Italian in style, though cast in A ripieno idiom whereas de Fesch’s concertos draw on his expertise as a solo violinist, rooted as much in the heritage of Vivaldi as Corelli. Most of the concertos on CD4 were composed by foreign arrivals: itinerant musicians such as the German-born Johann Christian Schickhardt and Anton Wilhelm Solnitz of Bohemian origins. The performances here, made in the 1990s and early 2000s and originally issued on the Dutch NM Classics label, enjoy a lively but not doctrinaire appreciation of historically informed style. Although the Combattimento Consort uses modern instruments, they play them implementing the techniques that van Wassenaer and Ricciotti would have known. The sound the players generate is therefore old and new, and should offend neither camp in the current round of period-instrument wars. Musica ad Rhenum, familiar from their considerable Brilliant Classics catalogue, play on instruments of the era or copies thereof. They are renowned among the most stylish of Dutch early-music groups.

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