 Un presque rien de cordes initie le long voyage de l’Allegro moderato qui ouvre la Septième Symphonie. Christian Thielemann berce les phrasés, les modèle d’émotions, le temps est fluide, et la pesée de l’ensemble ailée, mercurienne, a rebours de tout ce qu’une certaine légende de lourdeur germanique souvent accolée à ses Bruckner proclame sans prendre le temps d’entendre, c'est-à-dire de comprendre. Thielemann creuse le son comme il étend l’espace, c’est fascinant tout au long de cette Septième d’exception filmée à Salzbourg, rien n’y attaque jamais, les somptuosités des Wiener Philharrmoniker en deviennent irréelles, vaste orgue fantasmatique d’une poésie aussi inouïe que troublante. Les attaques, le raptus, l’énergie apollonienne à contrario de l’univers nocturne d’Hermès qu’il aura déployé dans cette envoutante Septième, Thielemann les retrouvera pour une Première Symphonie tempétueuse, emportée, sans pourtant atteindre au même degré de pure violence qu’il pouvait tirer de la Staatskapelle de Dresde dans les deux versions qu’il nous en aura offerte avec eux, CD et DVD. Même contraste entre la Cinquième Symphonie, immense au point de risquer parfois de s’effondrer, et les deux Symphonies d’essai que Thielemann enregistre pour la première fois. Je crois bien que les Wiener Philharmoniker les découvrent aussi. Le chef serait tenté déjà d’y proclamer tout ce qui fera le génie de Bruckner, mais les viennois y invitent aussi les ombres contrastées de Schubert et de Wagner, raffinant les phrasés, faisant les rythmes tour à tour électriques ou impondérables, toute une poésie qui semble plus d’une fois comme improvisée, bonheur de ce qui est peut-être plus lecture qu’interprétation. N’hésitez pas à vous reporter aux passionnants entretiens conduits par Johannes-Leopold Mayer en bonus de chacun des DVD. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Bruckner occupe désormais une place centrale dans le répertoire de Christian Thielemann ; après quelques essais à Munich, dont les symphonies 4 et 7, il a enregistré les neuf symphonies à Dresde (Cmajor également), l’une des plus belles intégrales récentes, avant de repartir à l’assaut du massif brucknérien avec les viennois. Parallèlement à une sortie en CD, il prévoit donc de graver les onze symphonies du maître de Saint Florian avec l’orchestre roi d’ici 2024, année du bicentenaire de la naissance de Bruckner. Aussi stupéfiant que cela puisse paraître, jamais encore les viennois n’avaient gravé les deux symphonies sans numéro ; Thielemann qui, comme le montrent les passionnants entretiens qui accompagnent ces DVD, les a étudiées avec un soin attentif (il les dirige d’ailleurs par cœur, ce qui révèle son investissement) en fait de parfaits chefs d’œuvre ouvrant la voie aux neuf grandes symphonies. C’est peu dire que les Philharmoniker, jouant au Musikverein (mais la salle est vide) en tenue de matinée, mangent littéralement dans la main du maestro berlinois qu’ils applaudissent d’ailleurs spontanément à la fin de chaque exécution. Si la « O » trouve là sa plus belle interprétation dominant de la tête et des épaules toutes celles gravées jusqu’avant, c’est la trop méconnue symphonie en fa, trop souvent ignorée parce que baptisée « d’étude » qui sort magnifiée de cette réalisation splendide. Une vraie révélation ! Quant à l’immense 5ème que Thielemann voit comme une œuvre positive et optimiste, elle resplendit sous sa baguette. Sans chercher à accentuer artificiellement le gigantisme du finale (Thielemann ne double pas les cuivres dans la péroraison), il en livre une version solaire, viennoise comme jamais dans le scherzo (qu’il rapproche assez drôlement du répertoire du concert du nouvel an), magnifique d’un bout à l’autre. (Richard Wander) On the occasion of the Bruckner bicentenary, the Wiener Philharmoniker recorded its first ever complete Bruckner cycle under the baton of Christian Thielemann. In addition to the well-known canon of nine symphonies, the two earliest Bruckner symphonies in F minor and D minor, which are a world premiere on DVD and Blu-ray, were also recorded for the first time in the orchestra's history. This uniquely complete edition from the Musikverein and Salzburg Festival, featuring 11 symphonies, also includes extensive conversations with Christian Thielemann about each symphony and insights into his rehearsal work. “Two symphonies that document Bruckner's path to mastery quite excellently. (…) Conclusion: The next interesting Bruckner milestone in the cycle.” (Kurier) / “Masterly, kapellmeisterlike, dreamlike.” (Der Standard) / Beautiful to weep for and artistically accomplished. [...] The interpretation of the Fifth may be considered a milestone. The way the musicians realised this work was simply grandiose." (Kurier)
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