Johannes Brahms (1833-1897)
Trio pour piano n° 1 en si majeur, op. 8
Trio pour piano n° 2 en do majeur, op. 87
Trio pour piano n° 3 en do mineur, op. 101
Trio pour alto, violoncelle et piano en la mineur, op. 114

Thomas Albertus Irnberger, violon
David Geringas, violoncelle
Lilya Zilberstein, piano

L’Allegro con brio de l’opus 8 commence mezza voce, le piano de Lilya Zilberstein, que je suis si heureux de retrouver, feutre le paysage où les archets de Thomas Albertus Irnberger et de David Geringas chantent avant de s’embrasser. Lecture épique ? Pas vraiment, les trois amis soupèsent et équilibrent la fièvre des élans et le continuum lyrique qui fait de cette œuvre de jeunesse l’un des trésors absolus du premier Brahms. Le ton plus beethovénien de l’opus 87 les montre incroyablement diseurs, et tentant dans l’espace même de la chambre une dimension symphonique où l’ardeur éclate à chaque instant. Le point de bascule est trouvé, qui permettra au trio d’aller loin dans les divagations poétiques, les atmosphères tonales incertaines, le coté sombre de l’opus 101, chef d’œuvre d’accès moins difficile qu’il n’y parait surtout lorsque chacun a à ce point le souci de chanter. Chanter, c’est l’’objet de l’ultime Trio, où Thomas Albertus Irnberger prend l’alto, donnant une teinte encore plus automnale à l’ensemble que ne le peut la version originale avec clarinette. Œuvre ultime, à la lyrique pleine de renoncement, et qui, là encore, par ses divagations, son coté rapsode, fait songer souvent à Beethoven. Avec des artistes si musiciens, Brahms est de retour chez lui, plus viennois que jamais. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

L’intégrale des trois Trios de Brahms bénéficie d’une discographie aussi importante que luxueuse, que ce soit par la réunion de grands solistes (Szeryng-Fournier-Rubinstein / Suk-Starker-Katchen / Stern-Rose-Istomin…) ou par des formations constituées (Beaux-Arts-Trio / Trio-Wanderer…). La nouvelle version proposée par Gramola réunit trois solistes qui sont aussi des chambristes accomplis. Le violon vibrant de Thomas Irnberger (partenaire régulier du regretté Jörg Demus) se fond à merveille avec le violoncelle de David Geringas (élève de Rostropovitch) très engagé et à la sonorité chaleureuse. Par contre Lilya Zilberstein semble parfois en retrait sur le plan sonore (son introduction du Trio opus 8 paraît bien timide). Le discours tout au long des Trios fait preuve d’une grande cohésion où l’esprit chambriste prédomine, chaque instrumentiste écoutant attentivement ses confrères pour obtenir une sonorité globale très fusionnelle et très vivante. En complément, ils interprètent le Trio op. 114 où Irnberger troque avec bonheur son violon pour l’alto (qui remplace ici la clarinette). Cette interprétation est musicalement irréprochable mais, seul petit bémol, l’enregistrement pêche par une prise de son trop lointaine empêchant l’auditeur de jouir pleinement de la profusion sonore de ces œuvres extraordinaires. (Jean-Noël Regnier)

For this complete recording of Johannes Brahms' piano trios, the internationally successful Salzburg violinist Thomas AlbertusIrnberger chose his usual top-class ensemble partners. Irnberger has long had an intense artistic friendship with the versatile cellistDavid Geringas, who, like the Russian-born pianist Lilya Zilberstein, can point to a number of CD recordings that are as long as theyare impressive. The Piano Trio No. 1 in B major op. 8 can be heard here in the revised version, which closes the time gap of almost25 years to the other two trios (No. 2 in C major Op. 87 and No. 3 in C minor Op. 101), since the revision took place after the completionof these works and thus at the peak of Brahmsian compositional art. For the Trio for Clarinet, Violoncello and Piano in Aminor Op. 114, Brahms envisaged the viola as an alternative instrumentation from the very beginning, which is mastered byIrnberger as brilliantly as the violin.