Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Symphonie n° 9 en ré mineur, op. 125 'Choral'

Irmgard Seefried
Sieglinde Wagner
Anton Dermota
Josef Greindl
Wiener Philharmoniker
Mitglieder des Salzburger Domchors
Chor der Wiener Staatsoper
Wilhelm Furtwängler

Les micros, pour le coup vraiment amateurs, n’avaient jusqu’alors capté après-guerre qu’une Neuvième selon Wilhelm Furtwängler, scaligère et donc un rien exotique. Les nouvelles noces du chef et de son œuvre fétiche furent donc saisies deux ans après lors de la réouverture du Festival de Bayreuth, puis au Festival de Salzbourg. L’archive salzbourgeoise resta longtemps éditée par les seuls pirates face à l’enregistrement d’His Master’s, considéré comme autrement historique, de la réouverture de Bayreuth, un mois plus tôt, avec un plateau de solistes maison : Schwarzkopf, Hongen, Hopf, Edelmann. La captation bavaroise est demeurée longtemps dans l’imaginaire des discophiles comme la Neuvième par excellence selon Wilhelm Furtwängler, réputation que n’ont pu amoindrir les révélations apportées par d’autres enregistrements à commencer par ceux de guerre ou encore la découverte de la première captation londonienne (1er mai 1937, Queens Hall). A Salzbourg, Furtwängler, en confiance avec ses chers Viennois, osera plus qu’à Bayreuth, du tempo quasi brucknérien de l’Allegro, à l’immense oration de l’Adagio en passant par le feu roulant d’un Molto vivace irrésistible. Il aura surtout comme alliés cette fluidité du quatuor, cette poésie des bois et pour le finale des chanteurs supérieurs, il suffit d’entendre deux notes d’Anton Dermota pour le savoir, et de poser l’élan d’Irmgard Seefried face au chanté étudié d’Elisabeth Schwarzkopf. L’immensité du geste, la tension de l’arche, qui déjà paraissaient à Bayreuth, se radicalisent ici, annonçant les visions plus crépusculaires encore des captations viennoises de 1952 et 1953, du retour à Bayreuth en 1954, et la même année de l’ultime captation lucernoise. (Disocphilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

Un mois presque jour pour jour après la légendaire interprétation de la 9° symphonie donnée pour la réouverture du festival de Bayreuth, Furtwaengler dirigeait de nouveau l’œuvre à Vienne le 31 août 1951. Si la formidable tension du concert bayreuthien porté par la force symbolique et historique de l’évènement en fait une véritable page d’histoire de l’interprétation (tout comme la terrible gravure de mars 1942), cette captation viennoise n’en mérite pas moins de la rejoindre au pinacle, tant Furtwaengler s’identifiait avec l’œuvre. Il bénéficiait de plus de la qualité des viennois, intrinsèquement supérieurs à l’orchestre de circonstance réuni pour Bayreuth, mais aussi d’un quatuor remarquable surtout pour les deux voix d’hommes. Josef Greindl, le légendaire Hagen de Bayreuth, apporte la noirceur de sa voix à l’hymne à la joie, tandis qu’Anton Dermota, l’un des plus fascinants ténors viennois de son époque à côté de Patzak éclaire et fait resplendir ses interventions. Comme toujours avec « Furt » on reste suffoqué par la splendeur du mouvement lent, d’une intensité qu’aucun autre chef n’a jamais su apporter à ce point à cet adagio. Un concert admirable dont le seul tort fut d’arriver un mois après celui de Bayreuth. Aujourd’hui nous avons la possibilité de disposer des deux, ne la laissons pas passer tant tous les témoignages de Furtwaengler touchent au sublime. (Richard Wander)