 Six années pour boucler le cycle, trois salles différentes, un chœur, celui de la Philharmonie Tchèque de Brno, pour le final de la 9e enregistré en concert aux Lisztomania de Châteauroux, certes, mais surtout voici vingt ans que Giovanni Bellucci s’est immergé, en partie en parallèle de l’enregistrement des trente deux Sonates, dans cet univers où Liszt aura rendu hommage au génie de Beethoven. Plutôt Liszt ou plutôt Beethoven ? Le pianiste italien pense d’abord au compositeur des Rapsodies hongroises, pianisme flamboyant qui souligne ce qui par instant paraphrase, non linéairement, mais dans l’harmonie, le rubato même parfois, un sorte de liberté que Giovanni Bellucci fait chanter, colore. Merveilleux pour la Pastorale, saisissant dans les déchainements de l’Eroica, des deux premiers mouvements de la 9e, et peut-être plus encore tout au long d’une 5e Symphonie titanesque, où le piano semble avoir dévoré un orchestre. Le jeu s’allège dans les deux premières symphonies qui prennent au seul clavier un petit coté Haydn, alors que la 8e y gagne en furia, symphonies des surprise et des stupeurs, final assez inouï. Par où commencer cette écoute revigorante ? Par le final de la 4e, que Giovanni Bellucci envole avec ce panache qui n’est qu’à lui. Vite, je range son coffret au coté de celui de Cyprien Katsaris ! (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Quel défi ! Graver les 9 symphonies de Beethoven dans la transcription de Liszt relève d’un voyage quasi-initiatique. Il faut, en effet, dominer une écriture d’une virtuosité à la limite des moyens physiques de l’interprète, mais aussi restituer l’énergie révolutionnaire de la pensée beethovienne jaillissant de dix doigts ! Liszt devient alors un illusionniste de génie. Le pianiste italien a gravé cette somme entre 2014 et 2020. Elle a tardé à paraître. Son interprétation s’inscrit dans une démarche digne de ce que les anglais nomment une lecture "historiquement informée" : pas d’expressions surjouées, de rubato intempestif, d’excès "romantisants". Bref, une version digne d’un pianoforte de l’époque de Beethoven mais aboutie sur un Steinway D-274 de la collection de l’interprète ! En grand beethovénien et lisztien (ses sonates de Beethoven et une Septième symphonie parus déjà chez Assai sans oublier une intégrale marquante des Rhapsodies hongroises pour Accord), Bellucci analyse chaque recoin de ces gigantesques partitions, retrouvant la fièvre orchestrale notamment dans les symphonies n° 4, 5, 7 et 8. Il ressent ces œuvres de manière organique, non pas en tant que pianiste, mais en véritable artiste qui a creusé la signification de ces pages, des grands mouvements d’ensemble. L’architecture est magnifiquement explorée, mais aussi la compréhension esthétique et pour ainsi dire philosophique que Beethoven "lègue" à Liszt. Le texte (en anglais uniquement) aborde ces aspects de manière tout à faire convaincante. Une intégrale des symphonies qui fera date. (Jean Dandrésy) Issued complete for the first time, a new recording of Franz Liszt’s iconic piano transcriptions of the nine Beethoven symphonies. As the Italian pianist Giovanni Bellucci remarks in an extensive booklet introduction, this album is the fruit of study over the past 20 years and more, into the worlds of both Beethoven and Liszt and their meeting point in these transcriptions where the Hungarian composer sought to honour his forebear as the original leader of an artistic movement we now think of as Romanticism, where the composer places himself at the front and centre of his works. Liszt’s transcriptions diverged from the ready-made arrangements which publishers rapidly produced and reprinted to meet the demands of amateur and domestic audiences. Here, the symphonic world of Beethoven is not merely experienced as a distant echo but translated into the idiom of the virtuoso piano which swept across Europe during the latter half of the 19th century, led by Liszt and Clara Schumann. Thus in these performances, Bellucci seeks a kind of fidelity to the Romantic age of the transcriptions rather than the Classical age of the original works. Taking broad tempi and probing deeply into textures which, after all, condense the soundworld of an entire orchestra into the span of ten fingers, Bellucci presents an individual and compelling new vision of works which renew themselves at the hands of each new generation’s interpreters. The cycle reaches its climax with the Ninth, recorded live at the 2014 Lisztomania Festival in France, with the participation of the Czech Philharmonic Choir of Brno and soloists Hana Škarková, Lucie Hilscherová, Michal Lehotský and Martin Gurbal. Other studio sessions have taken place in the famous Salle de Musique at La Chaux de Fonds in Switzerland, between 2018 and 2021. ‘In completing the project,’ Bellucci remarks, ‘I would like to borrow Franz Liszt’s words and make them mine, albeit just for a moment: ‘The piano is, for me, what the frigate is for the sailor, indeed, perhaps even more, because the piano is my word, is my life.’
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