Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Concerto pour piano n° 1 en ut majeur, op. 15
Concerto pour piano n° 2 en si bémol majeur, op. 19
Concerto pour piano n° 3 en ut mineur, op. 37
Concerto pour piano n° 4 en sol majeur, op. 58
Concerto pour piano n° 5 en mi bémol majeur, op. 73 "L'Empereur"
Concerto pour piano en ré majeur, op. 61a
Rondo en si bémol majeur, WoO 6

Gottlieb Wallisch, piano-forte

Piano-forte Conrad Graf, 1818-1832
Piano-Forte Franz Bayer, 1825

Orchester Wiener Akademie
Martin Haselböck, direction

Martin Haselböck et ses Viennois arrivent au terme d’un grand cycle Beethoven avec cette intégrale des Concertos pour piano, appliquant comme pour les symphonies une relecture en rien drastique : ici, seul l’instrumentarium fait acte de philologie, la direction annulant ce peu d’audace par un geste absolument traditionnel. Tempos tranquilles, balance sans surprise, le tout se nimbe d’une sorte de néoclassicisme qui ne cesse de m’intriguer. Sur ce cadre un peu froid, Gottlieb Wallisch joue droit ses claviers historiques menus dont seul le Graf de 1824 me semble à même de transcrire l’invention beethovénienne : du moins le Troisième y trouve-t-il un équilibre sinon une éloquence, l’Empereur y perdant hélas ses fusées. Mais le clavier tout plat du Bayer pour les mystères du 4e, pour les cantabile du Concerto de violon transposé au piano, c’est vraiment trop peu. Alors, pour tel détail, pour telle couleur, on pourra revenir ici de temps à autre, comme d’ailleurs pour le reste de cette série Beethoven : Haselböck aurait-il inventé le disque « consultatif » ? Le Liszt orchestral l’aura autrement inspiré ! (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

Le « sixième » concerto pour piano n’est pas l’ajout de la transcription de celui pour violon, mais il s’agit de l’inclusion du rare Rondo WoO6. Pour autant – et le bonus est de taille – le producteur permet d’entendre en vidéo et sur le Web, le concert public du Concerto pour violon dans sa version pour piano, couplé avec les Variations op. 12 de Czerny. Les versions sur instruments anciens sont aujourd’hui assez nombreuses. Pour sa part, Gottlieb Wallisch a choisi deux Hammerflügel de Conrad Graf – l’un de 1818 et l’autre de 1824 ainsi qu’un Franz Bayer, également de Vienne, daté de 1825. Trois instruments dont les couleurs et timbres sont superbement dosés par l’accompagnement de l’Orchestre de l’Académie de Vienne qui applique le phrasé sans vibrato et révèle les timbres caractéristiques d’instruments « anciens ». Le soliste est d’autant mieux soutenu que la dynamique des claviers est restreinte. Gottlieb Wallisch et le musicologue du livret décrivent les divers instruments de l’époque à la disposition de Beethoven. Ces commentaires instructifs (en anglais et allemand, hélas) évoquent l’approche du clavier. Ils justifient une conception plutôt chambriste et la préservation de la clarté et de la définition, qu’il s’agisse des échanges entre le soliste et les pupitres des bois, par exemple, ou bien des cadences. On apprécie le caractère fruité des pupitres des vents, la finesse parfois incisive des cordes captées dans la profondeur des pupitres. Parmi les versions « historiquement informées », celle-ci se révèle d’une saveur particulière. Notons que le charmant Rondo en si bémol majeur servit, à l’origine, en tant que finale du Concerto pour piano n° 2. (Jean Dandrésy)

This project featuring the complete recording of Beethoven’s piano concertos on original Beethoven fortepianos has close ties to the performances at original historical sites in Vienna. During past years the concert series »Resound Beethoven« has brought back Beethoven’s works to the places where they are documented to have been performed. It has been possible to perform and in part to record the complete cycle in halls such as the Eroica Hall in the Palais Lobkowitz, the Festsaal of the Akademie der Wissenschaften, and the Niederösterreichischer Landhaussaal. For Gottlieb Wallisch this was a unique experience, a veritable immersion in the sound world of Beethoven’s times: »The combination of the fortepiano sound with the original-sound orchestra results in a fascinating opportunity to shed new tonal light on Beethoven’s music and to understand it in new ways. The sound of this fortepiano from the period around 1820 captivates the listener with its special color in the various registers and its elegant purity while already discreetly looking into the future with its somewhat greater volume. The main characteristic in performance with the orchestra is the appealing transparency of all the voices, especially in the dialogue between the piano and the woodwind instruments.« Beethoven’s transcription of his Violin Concerto op. 61 for piano and orchestra – in music history the rare case of a transfer of a work from a stringed instrument to a keyboard instrument – gains authenticity and musical logic through performance on the fortepiano. His Rondo WoO is heard in a first-time recording; it originally formed the concluding movement of his Piano Concerto No. 2.