Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Léonore, op. 72, opéra en 2 actes (version originale de 1805)

Helen Donath, soprano (Marzelline)
Edda Moser, soprano (Leonore)
Eberhard Büchner, ténor (Jaquino)
Richard Cassily, ténor (Florestan)
Reiner Goldberg, ténor
Siegfried Lonrenz, baryton
Theo Adam, basse (Don Pizzaro)
Hermann Christian Polster, basse (Don Fernando)
Karl Ridderbusch, basse (Rocco)
Gunther Emmerlich, récitant
Rundfunkchor Leipzig
Staatskapelle Dresden
Herbert Blomstedt, direction

La continuité entre Léonore (1805) et Fidelio (1814) est évidente. En témoignent la totalité des personnages comme la reprise de la plupart des airs du premier dans le second opus. Pour autant, la rupture existe aussi. En près d’une dizaine d’années, le compositeur a changé, sa conception dramatique, son public viennois également. On aurait cependant tort de ne considérer le premier état de la partition que comme une ébauche, une sorte de brouillon. Bien sûr, elle connut des développements, des enrichissements (fin de l’air de Florestan, II, 1) mais, au fil des modifications, découpage et autres changements de place des numéros, il y eut également des retraits (trio « Ein Mann… », I, 2, duo « Ehe froh… », II, 2). Année Beethoven oblige, Berlin Classics propose donc de redécouvrir cette partition originale à plus d’un titre, dans une distribution d’anthologie qui subjugue par son inspiration incandescente. Si le chef Blomstedt et l’orchestre y sont pour beaucoup, on est charmé par la fraicheur d’Helen Donath (Marzelline), conquis par la puissance héroïque d’Edda Moser (Leonore), époustouflante dans l’acte III. Les voix masculines ne sont pas en reste. On regrettera que, pour cette réédition, l’éditeur n’ait pas proposé le livret qu’elle méritait. Mais le plaisir des oreilles est absolu. (Alain Monnier)