 Ce disque nous emmène dans une église du Minnesota, dont le sobriquet « Little French Church » rappelle combien son histoire est diversement associée à la France, ne serait-ce que par sa dédicace à Saint Louis. Stimulées dans les années 1980, la vitalité et la générosité paroissiales permirent le financement d’un orgue, inauguré en 1998, et qui compte soixante jeux dont trois 32’ électroniques. La sonorité d’ensemble est à la fois claire, moirée et douce. Même les anches en chamade, baptisées « Trompette Saint Michel », parlent à pression modérée.L’instrument se prête ici à un programme de transcriptions tirées de notoires œuvres orchestrales et solistes de Bach. Les BWV 1067 & 1068, incluant les célébrissimes Badinerie de traverso et « air sur la corde de sol », encadrent la Chaconne pour violon. Wolfgang Rübsam façonne avec patience et régularité ce chapelet de variations, attentif à ses résonnances tant affectives qu’harmoniques. En revanche, netteté et surtout élans rythmiques font défaut à cette relecture des deux Suites. Dès l’Ouverture en ré majeur, la lisibilité n’est pas prégnante, voire se fait poussive au point de travestir le modèle. La prudence du phrasé affadit la parure originale des danses de cour, et solennise à l’excès ce cortège de Gavotte, Bourrée, Gigue et autre Menuet. D’autant que la captation flatte la chaleur des timbres dans une molle perspective pauvre d’arêtes et de relief. Au demeurant, par le charme des tuyaux et malgré l’inertie de l’interprétation, ces mélodies bien connues soufflent une poésie parfois grisante. On succombera à la déambulation melliflue du couple de Polonaises, et à cette Sarabande tissée dans des soies rêveuses : ces transmutations un brin décalées et néanmoins émouvantes rappellent les vasques surannées d’un Virgil Fox. N’en manquerait ailleurs que le panache. (Christophe Steyne)  Over the course of more than half a century, Wolfgang Rübsam has consistently brought new insights to bear on the keyboard music of Bach, firstly in sets of the canonic organ music for Philips, then the same for Naxos. In the last few years, his musicianship and understanding of Bach enriched by those decades of experience, he has turned to the harpsichord/piano repertoire for Brilliant Classics. A series of critically acclaimed albums has shed new light on The Well-Tempered Clavier, the Goldberg Variations, the Partitas and Toccatas with Rübsam’s performance of them on a lautenwerk – a ‘lute-harpsichord’ with a distinctive chime and colour which Bach himself would have been familiar with. Rübsam now returns to the organ, with new transcriptions and recordings of two Orchestral Suites and Chaconne from the D minor Partita for solo violin. While the Chaconne has attracted transcribers and arrangers ever since the 19th century, drawn magnetically to its evolving variations on a ground bass which accumulate an emotional power unusual even for Bach, the Orchestral Suites are much less often encountered outside their original garb. Yet we can be sure that Bach himself would have embraced Rübsam’s idea with enthusiasm. The Suites themselves are compilations of dances, probably not all originally designed for their eventual destination as high-class entertainment music for the concert series at Café Zimmermann in Leipzig, and Bach repurposed some of their movements as sinfonias and even choruses for his church cantatas. As in his fairly free transcription of the Chaconne, Rübsam has made full use of the instrument at his disposal, a magnificent Casavant instrument (1998) at the Church of St. Louis, in St. Paul, Minnesota. The booklet includes a full disposition for the organ as well as an essay introducing both the works and Rübsam’s uniquely imaginative approach to them. ‘If the sound of the lute-harpsichord highlights Bach’s debt to French lute music, especially in the First Prelude, the instrument clarifies that homage while Rübsam’s interpretation transcends it.’ (Fanfare, November 2018, The Well-Tempered Clavier, 96750).

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