Ce double album nous propose 7 cantates pour "voce sola" : 4 pour alto, 3 pour basse. La plus ancienne, BWV 54 pour alto, a été donnée à Weimar en 1714, les autres à Leipzig en 1726-1727 (pour basse, les BWV 56 et 82, pour alto les BWV 169 et 170), et une autre au début des années 1730, pour basse, la BWV 156. Si Bach décide de ne pas utiliser de choeur, c'est qu'il veut s'exprimer en son propre nom, et pas seulement au nom de la communauté des fidèles. La voix de basse est celle d'un homme mûr, accompli, qui envisage avec sérénité, voire reconnaissance, la mort, certain qu'il est, dans sa foi, d'avoir la grâce et d'être admis au Royaume des cieux. Soucieux de tirer le meilleur parti de l'orgue dont il dispose à Leipzig, Bach incorpore à ces cantates pour basse des parties d'orgue très virtuoses. Elles y ont fonction programmatique dans "Ich will den Kreuzstab gerne tragen" (BWV 56) où la vie est assimilée à un voyage à travers la tempête et la miséricorde de Dieu jusqu'à un port heureusement atteint. Dans "Ich habe genug" (BWV 82) la basse, l'orgue et le texte s'accordent à merveille dans l'air "Schlummert ein" (Endormez-vous). De même dans les cantates pour alto, avec orgue obligé. Dans la tradition théologique allemande, cette voix est celle de l'esprit Saint. Ces œuvres requièrent une grande virtuosité vocale : leur extraordinaire diversité passe par de sublimes berceuses consolatrices, l'écho fidèle d'un concerto pour orgue (BWV 170), le dramatisme d'un oratorio...La plus belle d'entre elles, peut-être, la BWV 54, "Wiederstehe doch der Sünde", est placée sur un registre vocal grave, avec accompagnement de violon et de viole. Dans la première aria, l'exhortation moralisatrice à ne pas céder aux pièges du Malin trouve sa correspondance musicale dans l'insistance d'un dessin mélodique répétitif et obsédant. La seconde aria, préparée par le récitatif, a la structure d'une fugue à 3 parties, sur une basse contrainte : c'est l'image du démon mis en fuite par la juste dévotion. L'alto autrichienne Margot Oitzinger et la basse néerlandaise Peter Kooij nous démontrent ici encore leur parfaite maîtrise de ce répertoire, et nous en livrent une version à la fois sereine et émouvante. (Marc Galand) L'Orfeo Barockorchester and its director Michi Gaigg have created an impressive discography through their close collaboration with cpo. Their repertoire spans from Baroque and Classical instrumental works to Schubert's symphonies and includes rarely performed compositions by Telemann and Haydn's delightful Incontro improvviso. New to the cpo catalog is their exploration of Johann Sebastian Bach by this refined, spirited ensemble. Seven sacred solo cantatas form the program, featuring two proven specialists in early music who sing the vocal part: Dutch bass-baritone Peter Kooij, awarded the Leipzig Bach Medal in 2016, and Austrian alto Margot Oitzinger compellingly demonstrate how people in the time of the great Thomaskantor strove to guide Christians on the right path.
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