 Ce superbe enregistrement a le mérite de présenter quatre œuvres de musiciens juifs composés dans l’Allemagne des années 1927-1929, juste avant le krach boursier que l’on connaît. Le poème symphonique de Bernard Sekles (1872-1934) "The Dybbuk", composé en 1928, narre dans un style post-romantique le mythe du démon qui prend possession de quelqu'un et le rend fou. La "Suite Hébraïque" op. 8 de Juliusz Wolfsohn (1880-1944) fut composée en 1912 et propose en cinq mouvements une sorte de brillante rhapsodie pour piano et orchestre, faisant tout particulièrement admirer le talent Jaëllien de Cora Irsen. Que Jaromir Weinberger (1896-1967) composât une musique de Noël, "Vánoce" (1929), s’explique par l’attachement qu’il portait en tant que juif de Bohème à tisser des liens entre les textes de la Bible et le folklore bohémien, et l’on conviendra que cette pièce d’un peu plus d’un quart d’heure saisit l’atmosphère natale de très convaincante façon. Enfin, avec Werner Richard Heyman (1896-1961), on redécouvre un compositeur des plus prestigieuses musiques de film accompagnant le cinéma muet de l’époque Murnau, Lang, Wegener, Robison, etc... Initialement composée pour le piano la plupart de ces œuvres furent orchestrées par Julien Porret (1896-1979) et font, à ce titre, une large place aux cuivres ainsi qu’aux rythmes syncopés de l’époque : "Festliches Getümmel" (Tumulte festif), "Misterioso erotico", "Appasionata drammatico","Petite Grotesque". L’interprétation de l’orchestre du Capitol d’Offenbach am Mainz, sous la direction experte de Roland Boër, magnifie avec grand art et passion ces œuvres oubliées d’un temps et de compositeurs aujourd’hui largement ignorés, mais qu’il convient absolument de redécouvrir, d’autant que la qualité sonore de l’enregistrement mérite aussi d’être soulignée. (Jacques-Philippe Saint-Gerand)  Four orchestral works by Jewish musicians from the years 1927 to 1929: From just three years as an excerpt on the great time line of cultural history, this CD publishes the first digital recordings of impressive and sometimes highly individual music. The thoughtful work of the conservatory director Bernhard Sekles, the fascinating musical cosmos of the Hebrew-influenced music of the great pianist Juliusz Wolfsohn, the brilliant colourfulness of the symphonic poem by Bohemian opera composer Jaromir Weinberger, and charming miniatures from the silent film practice by Werner Richard Heymann.
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