Boris Papandopulo (1906-1991)
Petit Concerto pour piccolo et orchestre à cordes
Concerto pour clavecin et orchestre à cordes
5 Mélodies avec orchestre pour baryton, orchestre à cordes et harpe

Michael Martin Kofler, flûte piccolo
Jörg Halubek, clavecin
Miljenko Turk, baryton
Südwestdeutsches Kammerorchester Pforzheim
Tumo Handschuh, direction

Les disques du compositeur croate Papandopulo n'encombrent pas les bacs des disquaires. C'est pourtant un compositeur prolifique dont on découvre l’œuvre disque après disque grâce au label CPO. Papandopulo s'est forgé un style propre en associant les techniques de composition modernes aux influences folkloriques de son pays. Ainsi comme chez nombre de compositeurs d’Europe centrale (Bartok, Enesco, Janacek, Martinu), esthétique néo-classique et sérielle, harmonie tonale et modale, cohabitent en bons termes avec les rythmes de danse issus du folklore local et, dans le cas de Papandopulo, ceux du jazz alors effervescent. Cette porosité des sources s'entend nettement dans les deux œuvres concertantes enregistrées ici. Dans le Concerto pour clavecin (1952) une Toccata et un Rondeau dont le modèle baroquisant évoque le concerto de Poulenc (1928), encadrent une aria très cantilène émaillée de mélismes folkloriques. Le Concerto pour Piccolo emprunte aussi au folklore par ses motifs rythmiques et mélodiques. A l'image de l'oiseau, geai ou rossignol, la petite flûte gazouille et s'ébroue tandis que l'orchestre brosse contours (Prélude) et couleurs d'un paysage idyllique (Romance) à la manière d'un Nicolas Poussin : rigueur de la construction et teintes chatoyantes. Les deux œuvres traduisent insouciance et joie de vivre et montrent sûreté et vivacité d'écriture. Les deux solistes et l'orchestre y sont remarquables. Les cinq Lieder pour baryton, orchestre et harpe (1961) dénotent un versant plus sombre, intime et engagé du compositeur. Composés d'après des poèmes de Kurt Barthel (1914-1967) écrivain résistant pendant la guerre, les cinq chants sont des tombes creusées dans une terre dure. « Totennsontag » évoque la mort du père de l'auteur tué par les nazis. « Judenliedchen » rappelle la persécution des juifs. « Sing in den wind » la fuite et le désir de l'exil. Musicalement, Krenek et Hindemith y sont invoqués et le baryton Miljenko Turk nous fait frissonner d'empathie. (Jérôme Angouillant)

Boris Papandopulo: his name sounds Greek, and yet he has to be regarded as the most important Croatian composer of the twentieth century. Our third release featuring this uncommonly versatile composer presents his Concertos for Piccolo and Harpsichord. As in many of his concertos for solo instruments and orchestra, here too Papandopulo draws on neoclassical, that is, Baroque, sources in his Harpsichord Concerto. The three characteristic movements follow the model fast-slow-fast in their sequence. In the introductory cantata the composer incorporates dodecaphonic features into the musical structure in a most highly individual and original manner in order then to blend them with compositional-technical elements of the Baroque. He employed the piccolo in many ways his works. It usually enables him to evoke nature with musical means – the country idyll, the sounds of shepherd’s pipes and birdcalls, and the stylized folk dance. Such a sunny, idyllic, Arcadian atmosphere also radiates throughout the Prelude with its stylized birdsong forming the beginning of the Little Concerto. His orchestral songs round off the CD. Papandopulo’s music concentrates as much as possible on the text in these little genre pictures, a fact reflected in his thoroughly recitative treatment of the words as well as in his neo-impressionistic compositional technique. This tonal coloration is shown not only in the subtle chords of the harp but also in his frequent use of bitonal sound layers.