Les collaborations musicales (où deux compositeurs mettent en commun leurs talents pour créer une œuvre « à quatre mains ») n'ont jamais été aussi fréquentes qu'au XVIIIème siècle. Ainsi Francoeur et Rebel fils, Trial et Montan-Berton, pour des œuvres scéniques dans le Paris de Louis XV. Michèl Yost, né à Paris en 1754 d'un père suisse trompettiste ce roi, y apprit d'abord le hautbois avant d'étudier la clarinette avec Joseph Beer, collègue de son père depuis 1771, et également membre de l'harmonie du Duc d'Orléans. L'élève surpassa rapidement le maître, et après le départ de Beer de Paris (1779), Yost, par de fréquentes apparitions au Concert Spirituel, fut rapidement considéré comme une star, la presse l'encensant sous le sobriquet de « célèbre Michèl ». Conscient des lacunes de sa formation en matière d'orchestration, Yost s'assura la collaboration de Johann Christoph Vogel, son cadet de deux ans, résidant lui aussi à Paris depuis 1776, pour les parties d'orchestre de ses 14 concertos. Ces œuvres mélodieuses, amples et équilibrées, pleine d'inspiration, montrent une parenté frappante avec les douze concertos pour clarinette de Carl Stamitz, dont le destinataire n'est autre que Beer, par l'intermédiaire duquel Yost (et Vogel) les ont certainement connus. Le père de Carl Stamitz, Johann (1717-1757) est d'ailleurs l'auteur d'un magnifique concerto pour clarinette en si bémol, prototype du genre. Le premier enregistrement (des concertos 7, 8, 9 et 11) d'une partie de ces œuvres a été effectué en 1997 par le très regretté Dieter Klöcker, immense re-découvreur de pièces pour son instrument. Vogel, auteur d'opéras à succès (La Toison d'Or 1784, Demophon 1788), est également l'auteur de symphonies concertantes, d'un quatuor avec clarinette, et de trois symphonies à grand orchestre dont la première, en ré majeur, complète cet enregistrement très réussi, où la jeune clarinettiste allemande Susanne Heilig, et le jeune chef tchèque Marek Stilec montrent déjà toute l'étendue de leur talent. (Jean-Michel Babin-Goasdoué) Michèl Yost, a Parisian by birth, was a famous French clarinet virtuoso in his time. He is regarded as one of France’s first important clarinetists and as the cofounder of the French school of clarinet playing and gained renown beyond France’s borders already during his lifetime. Along with clarinet chamber music and a collection of études that is no longer extant, we know of fourteen clarinet concertos by Yost, some of which he composed in collaboration with the German composer and Paris resident Johann Christoph Vogel. Susanne Heilig, who since 2001 has been the principal clarinetist of the Bielefeld Philharmonic, interprets the solo parts of predominantly virtuosic character. The symphony by Johann Christoph Vogel rounding off the CD contains a last movement with dramatic and even gloomy elements distinguishing it from what were often the very light and pleasant concluding movements of the symphonies and instrumental concertos of his period and displays surprising musical turns of events setting it apart from the average symphonic music of its times
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